English follows.
Lettre ouverte à la ministre Martine Coulombe
Madame Coulombe,
Vous avez entrepris « une consultation publique » et ce, par Internet afin de connaître l’opinion du public à l’égard d’une « éventuelle création d’un salaire minimum particulier au Nouveau-Brunswick pour les serveurs recevant des pourboires ». Au moyen d’un sondage par Internet, vous cherchez l’opinion des Néo-Brunswickois et des Néo-Brunswickoises sur deux points : « la compensation par le pourboire et le salaire minimum en général ».
Nous soussignés dénonçons cette démarche et disons qu’il est tout-à-fait inacceptable d’utiliser de l’information reçue électroniquement et anonymement pour justifier un salaire minimum inférieur aux personnes qui reçoivent des pourboires. Deuxièmement, le gouvernement mentionne nulle part dans ce sondage le fait qu’il n’a pas procédé avec l’augmentation prévue pour septembre 2011 du salaire minimum tel que stipulé dans le Plan d’inclusion économique et sociale du N.-B. Est-ce une stratégie pour faire oublier qu’une augmentation du salaire minimum était prévue pour septembre?
Nous ne croyons pas que ce questionnaire par Internet est suffisant pour dire qu’on a consulté la population. Une vraie consultation est nécessaire avant de prendre des décisions aussi importantes qui affectent les travailleurs à faible revenu. Comment des réponses anonymes par Internet peuvent-elles être crédibles? Comment, en effet, peut-on croire à ces réponses? Que fait-on de la transparence?
Pourtant, le sérieux du sujet demanderait plutôt qu’une telle consultation se fasse lors d’audiences publiques. Dans un contexte comme celui-là, l’auditoire entend les divers points de vue présentés par des personnes qui s’identifient clairement. De plus, le temps alloué pour le questionnaire par Internet (du 2 novembre au 14 décembre) est insuffisant. Cette période précède le temps des fêtes, un moment où bien des activités s’ajoutent au programme des personnes préoccupées par ces questions.
Le gouvernement Alward veut-il utiliser ce questionnaire pour renoncer aux engagements déjà pris? En effet, plusieurs consultations publiques ont mené au Plan d’inclusion économique et sociale du N.-B. adopté en novembre 2009. Ce Plan recommandait de : « Augmenter le salaire minimum pour atteindre la moyenne de l’Atlantique d’ici le 1er septembre 2011 et l’indexer aux taux d’inflation par la suite ». Le gouvernement Alward a déjà reporté de six mois la date d’entrée d’un salaire minimum de 10,00 $.
Pour les raisons suivantes, nous nous opposons à cette démarche.
En premier lieu, les propriétaires d’entreprises pour lesquels travaillent les serveuses et les serveurs font pression auprès du gouvernement pour que la province ait un salaire minimum inférieur afin d’augmenter leurs profits. Ils omettent de dire que souvent, ce travail est saisonnier et que le revenu total n’est pas très élevé. Ces travailleurs ont souvent des quarts de travail coupés et que parfois, ils doivent attendre la clientèle une heure ou deux, et cela sans paie, avant de savoir s’ils vont travailler pendant les heures qui suivent ou si on va tout simplement leur dire de retourner chez eux.
Le secteur visé en est un où beaucoup de femmes y travaillent. Nous comprenons mal que vous voulez réduire le revenu des serveuses puisqu’il est déjà très bas et, dans la plupart des cas, inférieur à celui des hommes.
Déjà les travailleurs et travailleuses au salaire minimum vivent près du seuil de la pauvreté. Depuis les six dernières années, le salaire minimum le plus bas des provinces atlantiques est au N.-B. Nos travailleurs et travailleuses gagnent présentement 0,25 $ de moins de l’heure. L’augmentation du salaire minimum a été reconnue comme une stratégie cruciale du plan provincial de réduction de la pauvreté adopté par les Libéraux et les Conservateurs en 2009. Ce plan reconnaissait qu’il y avait au-delà de 100 000 personnes du N.-B. qui vivaient sous le seuil de faible revenu avant impôt et qu’une importante proportion d’entre elles étaient des gens qui travaillent au salaire minimum ou qui reçoivent des pourboires.
Nous soussignés vous demandons de bien vouloir organiser des vraies sessions de consultation publiques à travers la province afin d’orienter le travail du gouvernement au sujet des politiques publiques touchant le salaire minimum au N.-B.
Nom des organismes signataires :
Association acadienne et francophone des aînées et des aînés du N.-B
Chignecto Presbytery
Coalition pour l’équité salariale du N.-B.
Comité des 12
Comité Justice et Solidarité du diocèse de Moncton
Conseil des Canadiens, Chapitre de Saint-Jean
Fédération des Travailleurs et Travailleuses du Nouveau-Brunswick
Fredericton Anti-Poverty Organization
Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick inc.
Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick
Société John Howard, section de Saint-Jean
Pour information
Jean-Claude Basque
Coordonnateur provincial
cc. Victor Boudreau, Parti Libéral
Dominic Cardy, NPD
Greta Doucet, Parti Vert
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Open letter to Minister Martine Coulombe
Minister Coulombe,
You are undertaking a so-called “online consultation” to gather the opinion of the public regarding the “possible introduction of a special New Brunswick minimum wage for servers earning tips”. With this online survey, you hope that New Brunswickers will share their thoughts on “the tip differential issue, as well as on minimum wage in general”.
We, the undersigned, hereby denounce this approach and believe it is absolutely unacceptable to use information received electronically and anonymously to justify a lower minimum wage for workers who receive tips. Furthermore, nowhere in this survey does the government mention the fact that it did not proceed with the planned minimum wage increase in September 2011, as indicated in the New Brunswick Economic and Social Inclusion Plan. Is this a strategy to make us forget about the minimum wage increase that was planned for September?
We do not believe this online questionnaire is sufficient to establish that the population has been consulted. A true consultation is required before making such important decisions that will impact the working poor. How can anonymous online answers be considered credible? In fact, can we even believe these answers? What about transparency?
Rather, the serious nature of the topic calls for such a consultation to be held during public hearings. In such a context, people in the audience hear various perspectives voiced by individuals who are distinctly identified. Moreover, the time period allowed for the online questionnaire, from November 2nd to December 14th, is insufficient. This period precedes the holidays, a time when numerous activities are added to the daily lives of individuals concerned by these issues.
Does the Alward government intend to use this questionnaire to abandon its prior commitments? Indeed, several public consultations have led to the NB Economic and Social Inclusion Plan adopted in November 2009. This plan recommended to: “Raise the minimum wage to the Atlantic average by September 1st, 2011, and adjust for inflation annually thereafter”. The Alward government has already postponed the effective date of a $10 minimum wage by six months.
For the following reasons, we oppose your approach.
Firstly, business owners who employ servers pressure the government in order for the province to have a lower minimum wage so they can increase their profits. However, they fail to mention that they often hire seasonal workers and that servers’ total income is quite low. These workers often work split shifts and sometimes, they must even wait around an hour or two for customers, without pay, to find out if they will work the following hours or be sent home.
The sector targeted is one where there is a high percentage of female workers. We have trouble understanding why you want to reduce the income of women servers since it is already very low and, for the most part, inferior to those of men.
Minimum wage workers already live near the poverty level. For the past six years, the lowest minimum wage in the Atlantic Provinces has been in N.B. Our workers currently earn $0.25 less an hour. The minimum wage increase was acknowledged as a vital strategy of the provincial poverty reduction plan adopted by Liberals and Conservatives in 2009. This plan recognized there were over 100,000 people in N.B. who lived below the before-tax low income cut-off and that a significant proportion of them were minimum wage workers or workers who receive tips.
We, the undersigned, hereby ask you to organize real public consultation sessions throughout the province in order to guide the government’s work concerning public policies pertaining to the N.B. minimum wage.
Names of signatory organizations:
Association acadienne et francophone des aînées et des aînés du N.-B
Chignecto Presbytery
Comité des 12
Common Front for Social Justice of New Brunswick Inc.
Council of Canadians, Saint John Chapter
Fredericton Anti-Poverty Organization
John Howard Society, Saint John region
Justice and Solidarity Committee of the Moncton Diocese
NB Coalition for Pay Equity
New Brunswick Federation of Labour
Regroupement féministe du N.-B.
For information
Jean-Claude Basque
Provincial Coordinator
cc- Victor Boudreau, Liberal Leader
Dominic Cardy, NDP Leader
Greta Doucet, Green Party Leader