Blaine Higgs utilise l’argent public (nos taxes et nos impôts) pour attaquer ses propres travailleurs.
Le 10 septembre dernier, notre premier ministre a plongé ses mains dans les coffres du gouvernement pour se payer les deux premières pages de publicité dans tous les quotidiens de la province, soit le Times &Transcript, le Telegraph Journal, le Daily Gleaner et l’Acadie Nouvelle. M. Higgs,a ainsi utilisé des milliers de dollars des fonds publics, qui doivent normalement servir à financer les services à la population, pour payer cette publicité.
Selon moi, il avait trois objectifs en tête.
Le premier objectif était d’essayer de discréditer les demandes légitimes des 22 000 travailleurs et travailleuses du Syndicat canadien de la fonction publique du Nouveau-Brunswick qui sont sans contrat de travail depuis des années. Un sous objectif était aussi de lancer le même message à tous les milliers autres travailleurs du secteur public (infirmières, employés du gouvernement provincial, etc.) qui sont également en négociation présentement.
Le deuxième objectif était de tenter, en utilisant la tactique de division d’opposer les travailleurs qui œuvrent dans le secteur public à ceux du secteur privé. Son argument est que les travailleurs du secteur privé n’ont pas les mêmes salaires et bénéfices que ceux du public, donc ceux-ci devraient se considérer chanceux de ce qu’il leur offre.
Au lieu d’accuser les travailleurs syndiqués du secteur public d’en avoir trop, ne devrait-il pas se demander plutôt pourquoi ceux du secteur privé en ont moins? En effet, pourquoi ces milliers de travailleurs du secteur privé ont un bas salaire, pour la plupart, aucune journée de maladie payée, un minimum de vacances payées, presque pas de fonds de pension, peu d’assurance dentaire ou d’assurance-médicaments? M. Higgs ne devrait-il pas passer des nuits blanches à se demander comment améliorer la vie de ces travailleurs et de leur famille au lieu de vouloir réduire celles de ses citoyens qui sont dans le secteur public?
Le troisième objectif était de vouloir mousser un ressentiment public contre les travailleurs en posant dans sa publicité, la question suivante : Comment les demandes des travailleurs sont-elles équitables pour tous les Néobrunswickois?
Les agissements de notre premier ministre dans les négociations avec tous les travailleurs du secteur public, mais en particulier avec ceux du Syndicat canadien de la fonction publique, soulèvent des questions de fond.
Notre premier ministre considère maintenant que les travailleurs, en particulier ceux du secteur public, qui ont négocié au cours des années, un salaire décent, des bénéfices marginaux, comme des congés de maladie payés, une assurance dentaire ou de la vue, une assurance médicaments, des vacances payées ou des fonds de pension, sont des gras durs. On serait en droit de se demander si sa vision serait que tous devraient avoir comme base de comparaison, les normes les plus bases du secteur privé.
Higgs semble oublier que ça prend un salaire décent pour qu’un travailleur et sa famille puissent vivre décemment, entre autres, pouvoir bien se loger, se nourrir adéquatement, se sentir en sécurité, etc..
Il semble oublier qu’une assurance dentaire et de la vue sont un apport financier très important pour des centaines de dentistes ou d’optométristes partout dans la province.
Il semble oublier qu’une assurance-médicaments permet aux travailleurs de poursuivre leur travail, à leur famille de pouvoir se payer les médicaments nécessaires, et aussi fait vivre en partie les pharmacies.
Il semble oublier que des congés de maladie payés empêchent les travailleurs d’avoir recours au service de santé public et protège le public de la propagation de maladie.
Il semble oublier que des vacances payées renforcent le secteur touristique, en autres les milliers de petites entreprises touristiques, et contribuent à notre économie provinciale.
Il semble oublier que des fonds de pension adéquats permettent aux travailleurs après des années de service de prendre une retraite en dignité et ne pas devenir un fardeau fiscal pour le gouvernement fédéral.
Notre premier ministre semble avoir oublié que ces milliers de travailleurs et de travailleuses font au jour le jour fonctionner notre gouvernement, livrent des services publics essentiels et font fonctionner notre économie. Il semble oublier qu’on ne bâtit pas une économie sur les bases de milliers de travailleurs et travailleuses à bas salaire.
Cette publicité par M. Higgs, contre ses propres employés qui sont depuis plus de dix-huit mois, ceux et celles qui sont sur la première ligne de combat contre la pandémie du COVID-19, est tout simplement inacceptable.
Jean-Claude Basque est membre du comité de rédaction de la NB Media Co-op et défend depuis longtemps les droits des travailleurs et la justice sociale.
Une version abrégée a été publiée dans l’Acadie Nouvelle.