Au cas où ce ne serait pas clair, Coop Média NB soutient les quelque 22 000 syndiqué.e.s de première ligne du Syndicat de la fonction publique du NB (SCFP) sans contrat de travail, dont beaucoup sont actuellement en grève pour obtenir des salaires décents. Les médias d’Irving eux ne les soutiennent pas.
Devrions-nous nous attendre à ce que les journaux appartenant à J.D. Irving Ltd. soutiennent les travailleuses et travailleurs en grève ? La réponse : non.
Depuis le SCFP a entamé sa campagne de 100 jours, en mai dernier, pour des salaires équitables, le comité de rédaction du Telegraph-Journal a bombardé ses lecteurs de tirades anti -syndicale dans une tentative effrontée d’influencer l’opinion publique contre les chauffeurs d’autobus scolaires, le personnel de soutien à l’éducation, les concierges, les mécaniciens, les travailleurs de la santé, les travailleurs du transport et de l’infrastructure et les employé.e.s des collèges communautaires.
Il y a une semaine, après que 10 différentes sections locales du SCFP aient voté massivement (83 à 98 %) en faveur de la grève, le Telegraph-Journal a titré son éditorial : “La grève du SCFP ne doit pas avoir lieu”, affirmant qu’une grève serait “irresponsable et déconnectée de la réalité”.
Une lecture indulgente des éditoriaux du Telegraph-Journal, du Times & Transcript et du Daily Gleaner conclurait que leurs comités éditoriaux ont un thermomètre défectueux, incapable de prendre la température exacte de la situation et de la sympathie envers les travailleuses et les travailleurs. Cependant, la société Brunswick News d’Irving a toujours eu un intérêt direct à brouiller notre thermomètre collectif pour nous empêcher de voir ce qui se passe réellement.
L’ancien rédacteur en chef du Brunswick News et actuel commentateur Norbert Cunningham a soutenu dans sa chronique du Telegraph-Journal du vendredi 29 octobre que les étudiants et les parents sont ceux qui souffrent le plus de la grève du SCFP. Il a affirmé qu’il était peu probable que le SCFP obtienne la sympathie du public. Il avait tort.
Dans toute la province, vendredi dernier, de nombreux parents se sont réveillés surpris de l’annulation de l’école. Ils ont dû organiser la garde de leurs enfants comme ils l’auraient fait pour n’importe quel jour de neige, mais la plupart des conversations dans la rue et sur les médias sociaux n’ont pas blâmé les syndiqué.e.s pour ces inconvénients. Elles ont plutôt exprimé leur compréhension, souvent suivie de questions telles qu’”où se trouve le piquet de grève le plus proche ?” et “existe-t-il un fonds de grève ? j’aimerais faire un don”.
Peu importe le nombre de fois qu’ils essaient de colporter leur message antisyndical, aucun rédacteur en chef ou expert de la presse Irving ne peut convaincre les néobrunswickois que la personne qui conduit nos enfants à l’école, qui nettoie nos lieux publics ou qui fournit des soins dans nos hôpitaux ne mérite pas une augmentation de salaire pour payer ses factures.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick préfère maintenir les salaires des travailleuses et des travailleurs au niveau le plus bas du pays et préfère utiliser l’argent des contribuables pour faire des cadeaux aux entreprises. Le gouvernement a également dépensé de l’argent pour une annonce pleine page dans les journaux Irving et l’Acadie Nouvelle pour nous dire que les travailleurs et les travailleurs du SCFP ne méritent pas ce qu’ils demandent.
Un tweet populaire d’Aditya Rao souligne que le premier ministre Higgs affirme qu’il n’y a pas assez d’argent pour payer les travailleuses et travailleurs alors qu’il accorde des subventions de 100 millions de dollars à six usines de pâtes et papiers, y compris l’usine de J.D. Irving à Saint John. Il devrait plutôt contraindre J.D. Irving et d’autres entreprises forestières de payer les 200 millions de dollars en redevances forestières qui auraient dû être versés à la province. Sans oublier la réduction d’un demi-million de l’impôt foncier accordé au siège social d’Irving à Saint John en plus de donner 250 000 $ à un club de yacht.
Le Nouveau-Brunswick abrite non pas un, mais deux milliardaires Irving, deux hommes devenus super riches sur le dos des travailleurs et en ne payant pas leur juste part d’impôts.
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a fait carrière en enrichissant Irving Oil. Il était cadre de l’entreprise pendant une longue grève à la raffinerie d’Irving Oil de 1994 à 1996.
Aujourd’hui, le premier ministre Higgs oublie manifestement pour qui il travaille, puisqu’il célèbre les excédents budgétaires et rejette les fonds fédéraux destinés à bonifier les salaires en soins de santé et améliorer l’infrastructure en transport durant la pandémie.
Lorsque le Nouveau-Brunswick enregistre un excédent de 408,5 millions de dollars au milieu d’une pandémie, nous devrions nous interroger sur les priorités du gouvernement.
Et lorsqu’un média appartenant à Irving nous dit de ne pas soutenir les travailleuses et les travailleurs en grève, nous devrions nous rappeler qu’en 1997, Irving a licencié sans préavis, onze 11 rédacteurs et éditeurs du Daily Gleaner. Ces personnes considèrent que ces licenciements étaient en lien avec leur intention de se syndiquer.
L’empire Irving, qui a des tentacules non seulement dans les médias, mais aussi dans les secteurs de l’énergie, de la foresterie, de la fabrication, de la construction navale et des transports, doit faire l’objet d’une surveillance accru, de la part du public et d’une enquête journalistique, surtout en période de conflit de travail. Sans ce regard critique, Brunswick News nous présente plutôt des récits simplistes où les employeurs du gouvernement sont des héros et les travailleurs de première ligne des méchants. Dans tous leurs articles sur la grève du SCFP, le ” pourquoi ” l’une des 5 questions de base journalisme est absente.
Alors, pourquoi les membres du SCFP sont-ils en grève ? À l’origine, le syndicat demandait une augmentation de 20 % sur quatre ans, soit le prix d’un sac de pommes. Le gouvernement Higgs a fait une contre-offre d’une augmentation salariale de 8,5 pour cent sur cinq ans. Avec un taux d’inflation d’environ 4,4 pour cent, le gouvernement Higgs propose en fait une baisse de salaire pour des salarié.e.s du secteur public, parmi les moins bien payées du pays.
Lors d’un retour de dernière minute à la table de négociation, la partie syndicale a réduit sa demande de 8 % et le gouvernement a augmenté son offre de seulement 2,25 %. Le président du SCFP NB, Steve Drost, a qualifié la dernière offre du gouvernement d'” absurde ” et nous sommes d’accord.
Au fur et à mesure que la grève se poursuit, nous pouvons nous attendre à d’autres éditoriaux du Telegraph-Journal nous disant que les travailleuses et les travailleurs ne devraient pas être gourmands pendant une pandémie et qu’ils devraient s’estimer heureux d’avoir un emploi. Ils nous diront que ce n’est pas le moment de faire grève. Mais, si ce n’est pas maintenant, alors quand ?
De nombreux employé.e.s de premières lignes attendent depuis plus de cinq ans une augmentation de salaire. Les prix du logement, de la nourriture, des médicaments et d’autres produits de première nécessité ont augmenté bien plus que leurs salaires.
Depuis quand nos attentes sont-elles tombées si basses que nous acceptons que tout travailleur, syndiqué ou non, doit avoir plus d’un emploi pour joindre les deux bouts ou qu’il doit quitter la province pour aller chercher de meilleurs salaires?
Le gouvernement Higgs s’est retiré de la dernière ronde de négociations, ne laissant aux travailleuses et aux travailleurs d’autre choix que de faire la grève. Le 31 octobre, Higgs a mis en lock-out 3 000 de ses employé.e.s, dont des chauffeurs d’autobus scolaires, des concierges, des aides-bibliothécaires et des aides-enseignants. Aujourd’hui, le premier ministre a annulé le discours du Trône pavant la voie pour l’adoption rapide d’une loi antisyndicale de retour au travail. Il a aussi suggéré qu’il utiliserait un décret du Cabinet en vertu de l’état d’urgence COVID pour mettre fin à la grève.
Comme prévu, M. Higgs accuse les grévistes de mettre en péril notre système de santé, et le ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, Dominic Cardy, nous dit que le SCFP a gâché l’Halloween pour nos enfants. Et, comme on pouvait s’y attendre, le Telegraph-Journal et d’autres journaux appartenant à Irving reprennent la même rengaine.
La couverture d’aujourd’hui dans les journaux d’Irving comprend des titres comme “Le premier ministre exhorte le SCFP à accepter l’offre et à mettre fin à la grève” et “La grève signifie des temps d’attente plus longs : réseaux de santé”. Encore une fois, les membres syndiqués sont dépeints comme les méchants qui nuisent à notre accès aux soins de santé alors que c’est le premier ministre Higgs qui a le pouvoir de mettre fin à cette grève en offrant une augmentation salariale acceptable pour nos travailleuses et travailleurs de première ligne. Contrairement à ce que les médias d’Irving nous disent, nous ne devrions pas en demander moins pour nos héros de première ligne qui travaillent encore plus fort pendant une pandémie, nous devrions demander qu’ils obtiennent plus.
Coop Média NB continuera d’appuyer la lutte du Syndicat de la fonction publique du Nouveau-Brunswick pour la justice sociale et économique et de publier des articles du point de vue des travailleuses et des travailleurs qui luttent pour un salaire équitable. On se voit sur la ligne de piquetage.
Nous avons corrigé une erreur dans une version antérieure de cet article : L’excédent du Nouveau-Brunswick pour 2020-2021 est de 408,5 millions. La correction a été faite le 1er novembre 2021 à 18 h 51.