Depuis vendredi dernier, plusieurs travailleuses et travailleurs du syndicat canadien de la fonction publique du Nouveau-Brunswick (SCFP NB) ont entamé une grève, suite à l’échec du processus de négociation avec la province. La conséquence directe de ce mouvement a été, entre autres, la fermeture des écoles.
Durant la fin de semaine, la réaction gouvernementale a été de s’engager dans une guerre de relations publiques, puis d’instaurer un lock-out visant plus de 3000 personnes considérées comme « non essentielles ». Le premier ministre Blaine Higgs évoque la possibilité d’une loi spéciale forçant le retour au travail des grévistes.
Si la pandémie nous a appris quelque chose, c’est l’importance de l’ensemble des secteurs d’activités, y compris ceux présentement en grève, pour le bon fonctionnement de la société. On a justement loué, durant les premiers temps de la pandémie, les efforts essentiels des travailleuses et travailleurs de première ligne. Il importe selon nous de reconnaître une fois pour toutes la contribution de tous les corps de métiers et de toutes les classes sociales, peu importe l’urgence du contexte.
Les employé.e.s des soins de santé, le personnel non-enseignant du monde de l’éducation, ainsi que d’autres secteurs d’activités, constituent la force tranquille qui permet le fonctionnement quotidien de la société néo-brunswickoise. Ce refus total du premier ministre Higgs et de son ministre de l’éducation Dominic Cardy de reconnaître que le labeur quotidien des travailleuses et travailleurs concernés vaut une reconnaissance financière, équivalente à l’augmentation du coût de la vie, constitue un manque flagrant de considération. Cela démontre, selon nous, un mépris pour la cohésion sociale et la reconnaissance des différentes constituantes d’une société.
Notre rôle, comme professeur.e.s d’université, nous amène à constater l’importance fondamentale et la valeur inestimable de la main d’œuvre du milieu éducatif (pas seulement celles et ceux oeuvrant en enseignement), et ce, à toutes les étapes du cheminement scolaire, de la maternelle jusqu’au collège ou à l’université. Les groupes de travailleurs militant présentement pour une plus juste rémunération, contribuent grandement aux qualités qui caractérisent ce milieu éducatif, nécessaires au cheminement des enfants.
Une bonne partie de la population de la province, qui appuie les grévistes, semble le reconnaître. Les parents qui, par solidarité, refusent de franchir la ligne de piquetage virtuelle, que sont présentement les cours en ligne, le reconnaissent également. Il est grand temps que le gouvernement Higgs en fasse de même et laisse tomber son mépris pour les travailleuses et les travailleurs du Nouveau-Brunswick.
Julien Massicotte est le Président de l’Association des professeures et professeurs de l’Université de Moncton, campus d’Edmundston.