Mettons les choses au clair. Le premier ministre a tort en ce qui concerne les pensions.
Nous croyons que tout le monde mérite une sécurité de retraite sous la forme d’un régime de retraite à prestations déterminées. Il s’agit de régimes de retraite qui offrent un revenu garanti à la retraite. Dans le cadre du modèle de « risque partagé », dont le premier ministre fait la promotion, le revenu à la retraite est soumis aux risques et aux fluctuations du marché.
Les régimes à « risque partagé » ne partagent pas les risques entre les employeurs et les participants, comme certains voudraient le faire croire. Le « partage » des risques se fait surtout entre les participants actifs et les participants retraités, qui courent le risque sérieux de voir leurs prestations réduites sans limite.
Le seul risque pour l’employeur est une augmentation faible, limitée et temporaire des cotisations. La plupart des risques de ces régimes sont assumés par les participants. Le gouvernement le sait, comme l’a souligné la vérificatrice générale en 2015 : « la position de la province était que les […] risques inhérents aux régimes [à risques partagés] sont en grande partie supportés par les employés. »”
Nos deux régimes de retraite à prestations déterminées sont modestes, versant aux retraités une moyenne de seulement 9 000 $ à 12 000 $ par année, respectivement. Ces faibles pensions sont une fonction de nos bas salaires, qui sont parmi les plus bas des employés du secteur public de la province. Bien que les prestations soient sûres, en raison de la nature à prestations déterminées des régimes, elles sont très modestes.
Le premier ministre affirme que nos régimes ne sont « pas viables » et qu’ils doivent donc être convertis en raison de l’insuffisance de la valeur des pensions promises par rapport aux actifs des régimes. Ce qu’il ne dit pas, c’est que ces déficits sont le résultat clair du choix délibéré de la province de ne pas verser les cotisations requises aux deux régimes pendant plus d’une décennie.
Un arbitre s’est récemment rangé du côté du SCFP sur cette question et a ordonné au gouvernement de verser les cotisations manquantes au régime de la section locale 1253. La section locale 2745 a prévu son audience d’arbitrage sur cette question au cours de la nouvelle année.
Dans toutes les autres provinces, où les régimes de retraite ont été correctement financés, les régimes affichent généralement des excédents importants. En d’autres termes, le premier ministre Higgs veut que nos deux sections locales paient pour le refus du gouvernement de financer correctement nos régimes de retraite.
C’est extrêmement injuste.
De notre côté de la table, nos membres ont respecté leur part du marché. Nous avons toujours payé nos cotisations obligatoires aux régimes de retraite. Nous sommes allés travailler en première ligne tout au long de la pandémie pour garder nos écoles ouvertes et assurer la sécurité des enfants de notre province. Nous voulons retourner travailler et desservir les communautés que nous aimons.
Nous savons tous que le premier ministre Higgs a eu une longue carrière avec Irving Oil avant de se lancer en politique. Comme Irving n’est pas une entreprise cotée en bourse, nous ne savons pas combien ses cadres sont payés, mais nous imaginons qu’il s’en sortait beaucoup mieux que la majorité des travailleurs du Nouveau-Brunswick. Un article publié en 2010 par Postmedia indique que M. Higgs a pris sa retraite d’Irving avec « une pension de l’entreprise qui devrait lui assurer la sécurité pour le reste de sa vie ».
Un article récent de Brunswick News cite également Jim Leech, un autre ancien dirigeant d’entreprise, qui appuie le programme de retraite de M. Higgs. M. Leech affirme que nous « nous nous racontons des histoires » en nous attendant à ce que la province du Nouveau-Brunswick nous verse les pensions qui nous ont été promises
Cependant, ce qui n’est pas mentionné, c’est que M. Leech a touché une rémunération de plus de 40 millions de dollars pendant ses années en tant que dirigeant du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (à prestations déterminées), selon les rapports publics de son régime. Cette rémunération comprend une pension à prestations déterminées sécurisée qui était estimée à 315 000 $ par année lorsque Leech a pris sa retraite en 2013.
Higgs, Leech et d’autres membres du club du 1 % veulent un monde dans lequel les travailleurs ne bénéficient pas de la sécurité d’une pension décente à la retraite. Ils veulent absoudre les employeurs de tout engagement réel envers la sécurité de la retraite des travailleurs. Et l’un des moyens d’y parvenir est de convertir les pensions existantes en pensions « à risque partagé ».
Mais nous pensons que tous les employeurs ont l’obligation d’assurer une sécurité de retraite digne à leurs employés.
Et cela signifie un régime de retraite fiable, durable et à prestations déterminées pour tous.
Theresa McAllister est présidente de la section locale 2745 du SCFP qui représente le personnel de soutien en éducation et les préposés aux élèves. Iris Lloyd est la présidente de la section locale 1253 du SCFP qui représente les chauffeurs d’autobus, les concierges et le personnel d’entretien.