Le 8 mars est jour de lutte et de réflexion. C’est un jour où on réaffirme nos combats, on célèbre les militantes qui nous ont précédé, on réfléchit à nos stratégies et on se prépare pour le travail qu’il reste à faire. Au Nouveau-Brunswick comme ailleurs, il reste du travail à faire. Quels seront donc les grands enjeux du Regroupement féministe dans l’année à venir?
Justice reproductive
La justice reproductive, qui inclut l’accès à l’avortement, mais plus largement, le droit de toute personne à disposer de son propre corps, à enfanter ou ne pas enfanter, et à élever des enfants dans des environnements sains et durables, demeure l’un des grands enjeux sur lequel se penche le RFNB. Malgré les revendications des organismes de droits humains et des groupes féministes, le gouvernement de Blaine Higgs refuse d’élargir l’accès à l’avortement. Il n’y a que trois points d’accès dans la province, dont deux sont dans la même ville. De plus, le Règlement 84-20 interdit le remboursement des avortements effectués hors les murs d’un hôpital, ce qui rend difficile la mise sur pied de cliniques de santé sexuelle et reproductive.
Ce que notre premier ministre ne semble pas comprendre, c’est que la disponibilité d’un service ne veut pas dire qu’il est accessible. On l’entend et on le voit : de nombreuses personnes ont de la difficulté à accéder à des services d’avortement en raison de barrières géographiques, financières, linguistiques et plus. Tant que TOUTES les personnes n’ont pas un accès égal à des services d’avortement, le RFNB continuera de faire pression.
Lutte contre la pauvreté
On ne s’imagine pas qu’un enjeu comme la pauvreté puisse avoir un genre. Pourtant, au Nouveau-Brunswick, les femmes comptent pour 67 % des personnes ayant un revenu annuel de moins de 20 000 $. Elles sont aussi celles qui occupent le plus d’emplois précaires, à temps partiel et moins bien rémunérés.
Ce sont aussi les femmes qui ont été le plus touchées par les effets de la pandémie, autant d’un point de vue social qu’économique. Les experts estiment également que les effets économiques à long terme de la COVID seront plus graves pour les femmes, entraînant de ce fait un bond en arrière de plusieurs années dans l’égalité des genres. C’est pourquoi les réponses à la pandémie doivent adopter une perspective féministe.
Services de garde
Nous avons eu droit à une victoire l’an passé dans le dossier des services de garde d’enfants. Le gouvernement provincial a promis que les taux des services de garde atteindraient 10$/jour d’ici deux ans. Il s’agit d’un dossier sur lequel travaillent des militantes de longue date.
Nous espérons que les choses continueront de progresser dans cette direction afin de voir un jour la création d’un réel service public et universel de garde d’enfants. Des services abordables et de qualité sont indispensables, non seulement pour l’avancement de l’égalité des genres, mais pour l’établissement d’une société plus juste pour tous et toutes.
Vers une convergence des luttes
Alors que se termine notre Semaine de l’égalité des genres sur le thème des liens entre le féminisme et l’environnement, je ne peux m’empêcher de réfléchir sur les façons dont les luttes pour la justice sociale se croisent et se chevauchent. L’exemple de la lutte climatique est probant : on constate sans surprise que les changements climatiques ont des effets disproportionnés sur les femmes. Or, on constate aussi que les militant·es environnementaux et féministes dénoncent les mêmes types logiques de domination et d’exploitation. C’est donc dire que nos luttes ont des dénominateurs communs, et que nos mouvements peuvent être renforcés lorsqu’on s’assure d’adopter une perspective intersectionnelle.
Devenez membre : https://rfnb.ca/devenir-membre
Monique Brideau est présidente du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick.