Il existe deux versions du Nouveau-Brunswick.
L’une est occupée par le premier ministre Blaine Higgs et les gens de son entourage.
La seconde est l’endroit où toutes les autres personnes demeurent.
Comment expliquer autrement une récente déclaration du premier ministre à l’assemblée législative. En effet, lors d’un débat concernant le récent budget de son gouvernement, le premier ministre Higgs a déclaré : « (Le Nouveau-Brunswick) est la province qui n’a rien mais qui a tout ».
Dans son monde, l’argent est la clé fondamentale. Le Nouveau-Brunswick a enregistré des surplus, l’un après l’autre, totalisant près d’un milliard de dollars. Et, dans l’esprit du premier ministre, il s’agit d’une validation de son approche à l’endroit de la gouvernance et de la politique, d’où ce commentaire à l’effet que le NB a tout.
On pourrait affirmer que, pour ce gouvernement, l’économie passe avant tout le reste. Cela est évident dans la déclaration faite par le ministre des finances Ernie Steeves à la CBC concernant le budget : « L’an dernier, nous avions tellement peur de la COVID, et c’était certainement très négatif mais, vous savez quoi? La situation s’est arrangée magnifiquement. », a-t-il indiqué. « Non pas pour tous ceux qui ont attrapé la COVID. Ce n’est pas ce que je veux dire. Mais, d’un point de vue financier, les choses ont bien tourné. »
Donc, dans le NB de M. Higgs, des surplus budgétaires sont le gage d’un travail bien fait et cela signifie que tout va pour le mieux. Il faut cependant souligner que la plus grande partie de ces surplus provient de fonds accordés par Ottawa à notre province, et non d’une quelconque magie financière réalisée par M. Steeves ou M. Higgs.
Mais dans le NB où demeurent le reste d’entre nous, la tendance est toujours vers le manque. Car, même si les coffres de la province contiennent tout près d’un milliard de dollars :
- Des milliers de Néo-Brunswickois.es n’ont pas accès à un médecin de famille
- Les temps d’attente dans les salles d’urgence continuent de s’allonger
- Pour les ambulanciers, les temps de prise en charge des patient.es gonflent toujours
- Les prix des maisons montent en flèche
- Il y a une pénurie de logements abordables
- Les taux d’infection par rapport à la COVID-19 sont encore élevés
Voilà juste une liste partielle des problèmes qui assaillent notre province et sa population. Nous ne disposons pas d’un assez grand nombre de travailleur.euses de la santé pour bien pourvoir nos hôpitaux. La main d’ œuvre de la santé et les enseignant.es font face à des niveaux sans précédent d’épuisement professionnel mais, au moins, les chiffres sur les feuilles de calcul semblent corrects.
De plus, dans le monde de M. Higgs, il n’est pas nécessaire d’apprendre de ses erreurs. Vous souvenez-vous du moment où lui et d’autres politiciens ont exécuté la danse des canards, à la fin des mesures de protection contre la COVID-19, cet été? Eh bien, nous avons encore fait la même chose au début de mars, même si tous les signes indiquent que la levée de la totalité des mesures était une erreur.
Dans le monde du NB de tous les jours, la levée des mesures de protection a eu pour effet d’augmenter la pression sur les systèmes de santé et d’éducation et elle a rendu nécessaire la remise en place de certaines mesures.
Dans le monde du premier ministre, une économie basée sur les effets des retombées est viable. Donnez des allégements fiscaux et des fonds publics aux riches et cela aidera les citoyen.nes des échelons inférieurs de l’économie.
Mais dans le monde normal du NB, nous savons que des décennies et des décennies de preuves ont démontré que cette approche n’a jamais fonctionné. Car les riches continuent d’accumuler et d’entasser des richesses, alors qu’il est de plus en plus difficile pour les gens des classes économiques inférieures d’atteindre un niveau quelconque d’ascension sociale. La preuve réside dans le gonflement des prix des maisons au Nouveau-Brunswick, qui rend très difficile pour le Néo-Brunswickois moyen de posséder une maison, de même que dans les hausses draconiennes des loyers effectuées par de nombreux propriétaires au cours des deux dernières années.
Tous les Néo-Brunswickois.oises n’ont pas l’option de vivre dans le monde de M. Higgs, car nous sommes fermement ancrés dans la réalité. Il faudrait que nos représentants élus comprennent cela et qu’ils viennent habiter le même monde que nous.
Susie Proulx-Daigle est la présidente du Syndicat du Nouveau-Brunswick.