Notre environnement est dans un état d’urgence. La biodiversité de notre planète décline rapidement alors que des milliers d’espèces végétales et animales perdent leurs habitats en raison de l’extraction irréfléchie de nos ressources naturelles et du changement climatique. Le réchauffement de l’atmosphère terrestre causé par l’homme a déjà créé des millions de réfugiés climatiques et menace d’en déplacer des millions d’autres dans les décennies à venir.
La Journée de la Terre, le 22 avril, offre l’occasion de s’arrêter et de réfléchir à la santé de notre planète. Inscrit au calendrier mondial depuis 52 ans, le Jour de la Terre est aussi l’occasion de penser aux milliers de Néo-Brunswickois.e.s qui travaillent chaque année à préserver et à protéger leur environnement local.
Aujourd’hui, Jour de la Terre 2022, le Réseau environnemental du Nouveau-Brunswick (RENB) célèbre les principaux champion.ne.s de l’environnement en leur décernant des prix. Les lauréats ont été choisis parmi les nominations soumises par les plus de 110 groupes membres et associés du RENB.
La COOP Média NB a contacté les récipiendaires pour leur demander : Qu’est-ce qui vous motive à faire ce travail ?
En plus de ses quatre prix annuels, le RENB en a ajouté un cinquième cette année pour célébrer le 30e anniversaire du réseau. Roland Chiasson et Sabine Dietz ont remporté ce prix conjointement pour leurs contributions, passées et présentes, de temps et d’expertise au RENB, ainsi que pour leur engagement exceptionnel envers le mouvement environnemental en matière de conservation et de biodiversité, d’action climatique et d’éducation à la durabilité.
Dietz, actuellement directrice générale de CLIMAtlantic, le centre de services climatiques du Canada atlantique, travaille depuis plus de trois décennies sur les espèces en péril et la conservation des écosystèmes. Sa motivation pour ce travail est instinctive. “Il n’y a vraiment jamais eu de choix pour moi une fois que j’ai réalisé le mal que nous faisions à notre planète (vous vous souvenez des pluies acides ?), malgré tout ce qu’elle nous offre en retour (toutes les choses merveilleuses qui existent, les plus incroyables, les plus bizarres et les plus petites surtout)”, a-t-elle écrit à la COOP Média NB.
Chiasson est biologiste de la faune et ornithologue et éducateur environnemental pour l’Aster Group, une coopérative de travailleur.euse.s de l’environnement. Qu’est-ce qui le motive ? “Simplement dit, je suis convaincu que c’est la bonne chose à faire pour la planète (les humains aussi). Nous avons une responsabilité envers nous même et envers les créatures avec lesquelles nous partageons cet espace de vie.”
Nancy Juneau a remporté le prix Phénix pour son leadership dans le mouvement environnemental de la Péninsule acadienne. En 2015, suite à une marche pour le climat à Inkerman pour la COP 21, Juneau a organisé les résidents locaux pour créer l’organisme Imaginons la Péninsule acadienne autrement. Au fil des ans, l’IPAA a mené de nombreux événements et mobilisations pour sensibiliser la population aux problèmes environnementaux de la région.
Juneau est motivée par son amour de la Péninsule acadienne et par le désir de la protéger et de la garder aussi belle qu’elle l’était lorsqu’elle est arrivée ici en 1977 en provenance de l’Ontario. Elle veut laisser à ses enfants et petits-enfants un avenir plus durable, dit-elle, “un avenir où toute décision de développement économique doit tenir compte du facteur humain et du bien public.” La participation de Juneau à l’IPAA répond à son besoin “d’être impliquée, de contribuer, d’améliorer” et de travailler ensemble pour une cause commune. Enfin, elle a déclaré qu’être une championne de l’environnement répondait “au besoin de ressentir et d’entretenir l’espoir et de faire un travail qui correspond à ces aspirations. Je suis convaincue que la pensée, les idées et les actions créent et ce que nous nourrissons pousse.”
Le prix Samaqan du RENB, pour le dévouement à la protection des eaux et des espèces qui habitent les eaux, a été remporté par le Gespe’gewaq Mi’gmaq Resource Council (GMRC). Le GMRC, une organisation à but non lucratif dont les membres proviennent des Premières nations d’Eel River bar (Ugpi’ganjig), de Pabineau (Oinpegitjoig L’noeigati) et de Listuguj (Québec), travaille à la gestion et à l’intendance de l’habitat, ainsi qu’à la recherche et à la collecte du savoir écologique mi’gmaq.
Le directeur exécutif du GMRC, John Murvin Vicaire, a déclaré qu’il passait beaucoup de temps à l’extérieur lorsqu’il grandissait. “J’ai souvent pêché, chassé, cueilli des noisettes et fait du camping avec mes grands-parents”, a-t-il expliqué. “Exister dans un environnement sain était (et est toujours) important pour moi. Savoir que notre travail profite aux plantes, aux animaux, aux personnes et à l’environnement global est ce qui me motive à faire de mon mieux chaque jour.”
Le prix Gaia du RENB est décerné pour le dévouement envers la terre et les espèces qui l’habitent. Linda Stephenson l’a remporté cette année, en reconnaissance de ses efforts pour la conservation des habitats au Nouveau-Brunswick et à travers le Canada depuis 1998. Stephenson a récemment pris sa retraite en tant que vice-présidente de Conservation de la nature Canada.
Qu’est-ce qui motive son activisme environnemental ? “J’ai grandi dans une famille “verte”, bien avant que les mots “conservation” ou “environnement” fassent partie du vocabulaire courant. Ma mère et mon père avaient une profonde appréciation de notre monde naturel, et ils l’ont inculquée à ma sœur et moi”, se souvient Stephenson. “J’ai toujours trouvé la paix et la clarté dans le calme des bois, et dans la musique de l’eau. Jouer un rôle, même minime, pour aider à protéger cela, pour ceux qui viendront après moi, est un privilège.”
Serge LaRochelle a remporté cette année un prix décerné en partenariat avec la Société Acadienne du Nouveau-Brunswick (SANB) pour son leadership environnemental en français dans la province. M. LaRochelle, coordonnateur de programme au Groupe de développement durable du Pays de Cocagne, a inspiré des milliers d’élèves par sa passion et son engagement envers l’aménagement naturel et la naturalisation.
“Je pense que c’est la motivation des enseignants et la réaction des élèves qui me poussent à continuer”, a déclaré LaRochelle. “Lorsque je vois un enfant s’épanouir dans le jardin, ou un enseignant rayonnant d’énergie lorsqu’il aide à planter un arbre, je sais que nous faisons la bonne chose. Je suis motivé par mes collègues du Groupe de développement durable du Pays de Cocagne ainsi que par nos partenaires des divers groupes environnementaux de notre région, notamment l’Association du bassin versant de la baie de Shediac, Vision H2O, ainsi que le Réseau environnemental du Nouveau-Brunswick. J’apprécie l’engagement des citoyens de Cocagne qui prennent des mesures pour protéger notre environnement.”
Tim Leblanc Murphy, directeur général du RENB, a noté que “alors que la pandémie et la guerre en Ukraine captent l’attention du monde entier, il est réconfortant de savoir que les gens ici au pays poursuivent leurs efforts pour protéger notre environnement commun.”
Créé en 1991, le RENB a pour but d’améliorer la communication et la coopération entre les groupes environnementaux et entre ces groupes, le gouvernement et les autres secteurs. Plutôt que d’être un groupe de défense des intérêts, le RENB offre des possibilités d’éducation à ses groupes membres et associés et encourage la croissance du mouvement environnemental au Nouveau-Brunswick. À l’occasion du Jour de la Terre, le RENB a publié une vidéo pour souligner son 30e anniversaire.
Susan O’Donnell est la chercheuse principale du projet RAVEN à l’Université du Nouveau-Brunswick.