Dans une entrevue accordée à Radio-Canada hier, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a affirmé ouvertement être anti-choix. Une déclaration qui va à l’encontre de ce qui est pourtant un droit acquis au Canada depuis 1988, soit le droit des femmes et des minorités de genre à disposer librement de leur corps et à pouvoir décider, peu importe la situation, si et quand iels veulent devenir parent.
« Que notre premier ministre, dont la mission est de veiller au bien-être et aux intérêts de la population, se déclare anti-choix, cela nous effraye », souligne Monique Brideau, présidente du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick (RFNB). « C’est une atteinte sans pareille à l’égalité des genres. Nous savions déjà que ce gouvernement ne faisait pas grand cas des femmes et des minorités de genre, en voici la preuve. »
« Refuser le droit fondamental aux femmes et aux minorités de genre de décider ce qu’elles font de leur corps, au point de mettre leur vie en danger, ce n’est pas être pro-vie », ajoute Julie Gillet, directrice générale. « C’est être anti-avortement, anti-choix. C’est faire passer ses convictions personnelles avant le bien-être des gens, sans aucun respect pour les avancées législatives de ces 50 dernières années. »
Malgré le fait que le droit à l’avortement soit protégé par la jurisprudence canadienne, son accès demeure largement inégal dans l’ensemble du Canada. Au Nouveau-Brunswick, les barrières sont nombreuses, comme le démontre cette image sur laquelle figurent toutes les agglomérations qui se trouvent à plus de deux heures de route de l’un des trois points d’accès de la province. De plus, le transport n’est que l’une des barrières auxquelles font face les personnes qui souhaitent avorter.
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Cette affirmation de Higgs rend clair ce que nous ne pouvions que deviner : ses convictions personnelles « pro-vie » influencent directement sa capacité à gouverner et à prendre les meilleures décisions pour la population qu’il sert. Son refus d’entendre les multiples organismes de défense des droits de la personne sur la question des droits sexuels et reproductifs n’est pas basé sur des arguments économiques, comme il le prétendait jusqu’alors, mais bien sur une idéologie voulant restreindre le droit des femmes et des minorités de genre à disposer de leur propre corps.
Comment peux-tu te dire “pro-vie” et couper dans les dépenses sociales? Refuser d’investir dans les services publics? Refuser de financer les organismes de défense des droits humains, comme le @rfeministeNB?
— Julie Gillet (@JulieGillet5) May 12, 2022
Quant aux propos de la ministre de la Santé, Dorothy Shephard, ils démontrent là aussi une profonde méconnaissance, voire un mépris total, pour la santé et le bien-être de la population. Non, il n’est pas normal de devoir faire des heures de route pour recevoir des soins de santé, qu’il s’agisse d’une opération au genou ou d’un avortement. Cette comparaison maladroite met une fois de plus en lumière les failles de notre système de santé et la façon dont celles-ci touchent disproportionnellement les personnes les plus vulnérables.
Pour des renseignements détaillés sur les barrières à l’avortement au Nouveau-Brunswick, consultez notre site Web.
Le RFNB est un organisme féministe rassembleur et inclusif qui agit en faveur d’une refonte radicale de la société en appuyant les luttes contre toutes les oppressions. Il fait de l’action politique, informe le grand public et mobilise ses membres autour d’enjeux féministes. Le RFNB défend et promeut les droits et intérêts de toutes les femmes et des minorités de genre francophones du Nouveau-Brunswick.