Les travailleuses et travailleurs de la santé et les organisations communautaires doivent participer aux discussions concernant tout changement au système de soins de santé.
Le premier ministre Higgs a annoncé récemment des modifications majeures et antidémocratiques à la structure du système en nommant un nouveau ministre de la santé et en éliminant les conseils d’administration des réseaux de la santé pour les remplacer par des fiduciaires, concentrant ainsi le pouvoir décisionnel entre les mains de quelques personnes.
La Coalition du Nouveau-Brunswick sur la santé, qui représente des milliers de travailleuses et travailleurs de la santé et de soins de longue durée, de même que des organisations communautaires de la province, est préoccupée par ces changements dans la structure de gestion des soins de santé et demande de participer aux discussions entourant la résolution de la crise.
Le premier ministre a parlé de l’importance de gérer le système d’une manière plus efficace et efficiente, mais presque pas du problème principal : le manque d’employés. Il y avait déjà une pénurie d’employés dans le système de santé avant la pandémie, mais la situation n’a fait qu’empirer depuis, d’où la crise actuelle.
La Coalition du Nouveau-Brunswick sur la santé émet les recommandations suivantes :
- Inclure les travailleuses et travailleurs de la santé et les organisations communautaires dans la solution : en retirant les membres élus des conseils d’administration des deux réseaux de santé, le gouvernement Higgs enlève les yeux et les oreilles du système de santé. Cette action potentiellement illégale diminue la transparence et l’imputabilité du système. Cette crise ne sera surmontée que lorsque les conseils d’administration des deux réseaux de santé seront rétablis et que tous leurs membres seront des représentants élus.
- Obtenir l’engagement du premier ministre que la privatisation ne fera pas partie de la solution au problème : la privatisation ferait en sorte que seuls les bien nantis auraient accès aux meilleurs soins de santé possible. En ajoutant des intervenants du secteur privé au système de soins, cela aurait aussi pour effet de dédoubler des services et d’augmenter le temps d’attente des patients et patientes.
- Rétablir le programme d’assurance-emploi Connexion AE au Nouveau-Brunswick : ce programme permettait à ceux et celles qui avaient accumulé suffisamment d’heures de travail de recevoir des prestations d’assurance emploi pendant leur formation universitaire ou leurs stages d’études à temps plein. Nous avons besoin d’augmenter le nombre de professionnels de la santé. Toute barrière à leur formation va à l’encontre des objectifs du gouvernement.
- Investir une partie des surplus budgétaires dans le recrutement et la rétention des travailleurs de la santé : le recrutement et la rétention sont le plus gros défi à relever. Nous savons que ce problème ne sera pas réglé du jour au lendemain, mais il faut commencer à planifier dès maintenant. La province a accumulé un surplus de près d’un demi-milliard de dollars au cours des deux dernières années. Il est temps qu’une partie de cet argent aille à ceux et celles qui font le travail.
- Garantir que les fonds fédéraux pour la santé soient dépensés dans les soins de santé : l’argent que le gouvernement fédéral a envoyé à la province pendant la pandémie n’a pas seulement été utilisé à cette fin. Une grande proportion a été ajoutée aux surplus budgétaires. Cet argent devait servir à aider les Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises à traverses une période difficile. Le premier ministre Higgs et d’autres premiers ministres demandent au fédéral de leur fournir plus de fonds sans condition. Étant donné la crise que nous traversons, nous devons nous assurer que cet argent soit investi dans l’amélioration des soins de santé. Nous voulons que le gouvernement fournisse au public des rapports trimestriels sur la manière dont l’argent sera dépensé afin que la population sache que cet argent est utilisé comme il se doit.
- Réinstaurer immédiatement un protocole de port du masque : à cause de l’augmentation rapide du nombre de cas de COVID-19 et d’hospitalisations, il faut prendre des mesures immédiates pour assurer que les hôpitaux continuent de fonctionner. Le gouvernement devrait exiger le port du masque à l’intérieur de tous les endroits publics jusqu’à ce que le nombre de cas et d’hospitalisations ait diminué considérablement. Le port du masque n’est pas une atteinte aux droits de la population, mais un moyen de se respecter mutuellement, surtout les travailleuses et travailleurs de la santé.
Nous espérons que le premier ministre Higgs prendra ces recommandations au sérieux. Le bien-être des Néo-Brunswickois et des Néo-Brunswickoises est en jeu. Le système a été sous-financé pendant des années. Le remplacement de politiciens et la centralisation du pouvoir décisionnel ne constituent pas un moyen d’améliorer le système à long terme.
Nous savons que le premier ministre a dit que ce n’était pas en injectant plus d’argent que la crise sera résolue. Pourtant, c’est le même premier ministre qui demande au fédéral d’y transférer plus de fonds pour qu’il puisse s’en servir comme bon lui semble. Cet argent doit servir à améliorer le système de soins et surtout à recruter et retenir les travailleurs de la santé pour que les meilleurs soins possibles puissent être offerts.
Citations des membres de la Coalition du Nouveau-Brunswick sur la santé :
Bernadette Landry, co-présidente de la Coalition du Nouveau-Brunswick sur la santé et membre de l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick :
« Étant donné l’ampleur de la crise qui sévit actuellement dans les services de santé, la Coalition est d’accord avec le gouvernement provincial qu’il faut demander une augmentation des transferts fédéraux en matière de santé, mais il est essentiel que ces allocations soient conditionnelles à leur utilisation dans les services publics de santé. Elle considère aussi que la population a le droit de savoir où le gouvernement du Nouveau-Brunswick prévoit investir les transferts du gouvernement fédéral en matière de santé.
Paula Doucet, présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick :
« La crise dans les soins de santé a commencé il y a des années au Nouveau-Brunswick. Nous ne nous sommes pas retrouvés dans un tel chaos du jour au lendemain et maintenant que nous sommes au milieu de la tempête, on essaie de trouver des idées nouvelles pour maintenir le système à flot et l’empêcher de s’écrouler. Il ne reste qu’un nombre limité de travailleuses et travailleurs de la santé et on s’attend à ce qu’ils continuent de fournir les mêmes soins que s’il n’y avait pas de pénurie.
Les décisions de la semaine dernière ressemblent à celles du début de la pandémie de COVID-19 visant à gérer la situation avec un minimum de personnes. Ce sera à nous de nous assurer que ces personnes rendent des comptes et agissent d’une manière responsable et efficace non seulement pour que les changements apportés améliorent l’accès aux soins de santé, mais surtout, qu’ils améliorent la situation de ceux et celles qui fournissent des soins de santé. »
Susie Proulx-Daigle, présidente du Syndicat du Nouveau-Brunswick :
« Il faut augmenter le nombre de travailleurs dans le secteur de la santé. Toute déclaration du gouvernement selon laquelle il faut rendre le système plus efficace, le rationaliser ou améliorer les façons de travailler est une autre manière de demander au personnel d’en faire plus avec moins. Depuis des années, les politiciens chantent la même rengaine et cela n’a mené qu’à des désastres. Cette crise va durer aussi longtemps que le gouvernement refusera de se rendre compte qu’il faut augmenter le nombre de travailleuses et travailleurs de soins de santé. »
Norma Robinson, présidente, Le Conseil des Syndicats hospitaliers du Nouveau-Brunswick, SCFP 1252:
« Notre système de soins de santé est pris dans un cercle vicieux depuis de nombreuses années. La détérioration des soins de santé ne s’est pas produite du jour au lendemain, elle n’est pas due à un manque d’engagement du personnel. La détérioration est due à la mauvaise gestion du gouvernement qui a maintenu le cap sur la politique destructrice du « faire plus avec moins », qui est à l’origine de la crise actuelle.
Les syndicats, les groupes d’intérêt et diverses organisations de citoyens avaient signalé ces problèmes aux différents gouvernements depuis des années. La plupart des appels à l’aide ont été ignorés. L’attrition, les coupures et la réduction des services ont été à l’ordre du jour pour des décennies. La pandémie n’a donc fait qu’aggraver une situation déjà intenable.
Plus que jamais, le gouvernement Higgs doit agir pour assurer le maintien des services dans toutes les régions de la province afin de garantir l’accessibilité à tous les Néo-Brunswickois.
La recherche est claire : la privatisation a toujours coûté plus cher aux contribuables du Nouveau-Brunswick au fil du temps. Le gouvernement provincial devrait accomplir son devoir fondamental de maintenir un système de soins de santé qui fonctionne bien et qui est financé et géré par le public, pour le public.
Nous ne manquons pas seulement de médecins et d’infirmières ; nous avons des pénuries dans presque tous les secteurs de la santé. Ces défis doivent être discutés ouvertement et honnêtement afin de s’assurer qu’on puisse déterminer les mesures à prendre et qu’on les mette en place le plus rapidement possible. »
Daniel Legere, Président, Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick :
Le gouvernement investit de plus en plus d’argent dans la privatisation, qu’il s’agisse des ententes avec Medavie, qui gère les services ambulanciers et l’extramural, avec Maple, qui gère les services de consultation virtuelle eVisitNB, ou avec des agences de services infirmiers itinérants, qui aident à résoudre la pénurie d’infirmiers et d’infirmières à court terme, mais qui coûtent beaucoup plus cher et ne peuvent donc être envisagés comme solution à long terme, puisqu’ils privent le secteur public de ressources financières précieuses dont il a un urgent besoin. Tout récemment, le gouvernement a décidé de subventionner les étudiants qui s’inscrivent à Peak Form Academy pour obtenir une formation en ligne comme préposé-e-s aux soins, alors qu’une formation de bien meilleure qualité est offerte sur place dans les collèges communautaires. Tout l’argent investi dans le secteur privé est de l’argent en moins dans le secteur public. »
Gabrielle Ross-Marquette, coprésidente syndicale du Front commun pour la justice sociale :
La privatisation des services ne résoudra pas les problèmes actuels en matière de soins de santé et l’ajout d’une barrière financière ou de frais d’utilisation affectera de nombreuses personnes vivant dans la pauvreté qui ne peuvent déjà pas accéder aux services dont ils ont désespérément besoin. L’importance de services comme les soins de santé est devenue de plus en plus évidente avec la pandémie de la COVID-19. Les Néo-Brunswickois.e.s, en particulier les personnes vivant dans la pauvreté, les travailleurs-euses à faible revenu, les familles, les personnes en situation de handicap, les jeunes et les personnes âgées, ont de la difficulté à accéder aux services de santé, y compris les médecins de famille, les soins primaires, les soins aigus, les soins de longue durée et la santé mentale. Comme nous l’avons vu au cours des derniers mois, de nombreux services d’urgence de la province ont fermé pendant des périodes prolongées en raison d’une pénurie de personnel.
Les obstacles à l’accès aux soins de santé sont aggravés par l’augmentation récente du coût de la vie et des taux d’inflation, ce qui signifie que les gens ont à peine les moyens de payer leur loyer, les services publics et l’épicerie. « Statistique Canada a annoncé aujourd’hui que les prix ont augmenté de 9,1 % au Nouveau-Brunswick entre juin 2021 et juin 2022, nous ne pouvons pas risquer de créer des obstacles supplémentaires à l’accès aux services publics alors que les chèques de paie des bas salarié.e.s ne vont plus aussi loin qu’avant et que les Néo-Brunswickois.e.s à revenu fixe n’arrivent pas à garder la tête hors de l’eau. »