Un grand nombre de travailleuses et travailleurs à faible salaire sont essentiel·les au bon fonctionnement de notre société. L’importance de leur contribution a été notamment mise en lumière lors de la pandémie de la COVID-19. Qu’il s’agisse des commis d’épicerie ou des travailleuses et travailleurs de l’agriculture, des services ou de la restauration, ces personnes étaient là pour nous pendant une période difficile et le sont toujours. Cependant, elles peinent à joindre les deux bouts, en raison d’un salaire minimum en deçà du salaire de subsistance et de normes d’emploi minimales offrant peu de protections au travail.
Voici ce que demande le Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick au Gouvernement du Nouveau-Brunswick pour atténuer la pauvreté dans la province :
Une augmentation du salaire minimum à 20 $ l’heure
Cette année, les taux d’inflation et les prix des aliments ont grimpé en flèche. Malheureusement, le taux horaire moyen des travailleurs et des travailleuses n’a pas suivi. Depuis le début de l’année, les banques alimentaires font face à une augmentation de la demande. L’itinérance est en hausse de 66 % à Fredericton, Moncton et Saint Jean. Et cela n’est pas près de s’améliorer : Énergie NB a présenté une demande pour augmenter ses tarifs de 8,9 % en avril prochain, par exemple.
La quantité de personnes travaillant au salaire minimum a augmenté, ce qui signifie que plus de gens vivent en situation de pauvreté dans la province. Notons que les femmes sont représentées de façon disproportionnée dans ces emplois au salaire minimum, et que la proportion de personnes âgées de 55 ans et plus augmente chaque année. Même avec l’augmentation du salaire minimum à 13,75$ l’heure mise en place cet automne, bien des gens connaissent des fins de mois difficiles.
En nous basant sur l’Étude de 2022 du Human Development Council, nous revendiquons une augmentation du salaire minimum à un salaire de subsistance, soit une moyenne de 20 $ l’heure.
10 jours de congé de maladie payés par année
La plupart de la main-d’œuvre à salaire minimum occupe des postes non syndiqués et à temps partiel dans des industries où il n’y a aucun congé de maladie. En vertu de la Loi sur les normes d’emploi (LLE), les personnes qui travaillent pour le même employeur pendant 90 jours ont seulement droit à cinq jours de congé non rémunérés par an. Diverses conventions internationales reconnaissent l’importance des congés de maladie payés. Les congés de maladie permettent non seulement aux travailleuses et aux travailleurs de se concentrer sur leur santé sans se préoccuper du stress lié au paiement des factures, mais ils profitent également à la société.
Nous recommandons d’ajouter à la Loi sur les normes d’emploi 10 jours de congé de maladie payés annuels, non cumulatifs et protégés par l’emploi.
Des heures supplémentaires mieux payées
Les Néo-Brunswickois·es qui travaillent des heures supplémentaires perdent également au change. Aujourd’hui, les entreprises doivent verser à leurs employé·es un taux salarial de 20,63 $ de l’heure après 44 heures de travail par semaine. Ce taux est calculé sur la base du salaire minimum. Même si une travailleuse ou un travailleur gagne plus que le salaire minimum, le taux des heures supplémentaires est toujours calculé sur 13,75 $, et non sur le véritable taux de rémunération de l’employé·e.
De plus, une semaine de 44 heures est très longue : la plupart de la main-d’œuvre syndiquée peut obtenir le paiement d’heures supplémentaires après avoir travaillé entre 35 et 40 heures par semaine.
Nous recommandons de supprimer le taux d’heures supplémentaires basé sur le salaire minimum en faveur d’un taux d’heures supplémentaires basé sur le taux de rémunération actuel de l’employé·e, ainsi que de ramener le seuil des heures supplémentaires de 44 à 40 heures de travail par semaine.
Une indemnisation pour l’achat d’uniformes et autres vêtements requis dans le cadre du travail
Exiger des travailleuses et travailleurs d’acheter leurs propres uniformes ou autres vêtements nécessaires revient à leur demander de payer pour travailler. Cette dépense est mineure pour l’entreprise mais peut être
importante pour l’employé·e. L’indemnisation pour les uniformes requis soulagerait quelque peu la pression financière sur les personnes à faible revenu et éliminerait les obstacles associés à la demande et à l’acceptation d’un nouvel emploi.
Notre main-d’œuvre la plus vulnérable, et pourtant essentielle à notre société, est aujourd’hui confrontée à la précarité, surtout depuis le début de la pandémie. Chaque jour, des milliers de gens vont au travail mais ne reçoivent pas un salaire suffisant pour avoir une vie décente. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick doit leur assurer un salaire de subsistance et de bonnes conditions de travail. Nous proposons des changements concrets pour faire une différence positive dans leur vie.
Janelle LeBlanc est coordonnatrice provinciale du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick. Le Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick travaille pour plus de justice, de meilleures politiques sociales et une société plus solidaire.