L’éditorialiste de l’Acadie Nouvelle, François Gravel, a accepté de nous faire un bilan de l’année 2022 dans le cadre d’une courte entrevue qu’il a accordée à Co-op média NB (ci-après nommée CMNB).
CMNB : Quels ont été les trois événements les plus marquants de l’année 2022 au Nouveau-Brunswick?
F. Gravel : L’année 2022 a été une très mauvaise année pour les francophones du Nouveau-Brunswick et pour la population du Nouveau-Brunswick en général. Nous avons eu à faire face à trois crises importantes : premièrement, une grave pénurie de la main-d’œuvre dans les soins de santé, avec toutes les conséquences que cela a pu avoir, les fermetures d’urgences, l’épuisement du personnel et le manque d’accès aux soins par exemple. La deuxième crise à laquelle nous avons eu à faire face est celle de l’inflation, qui affecte tout le monde, mais surtout les personnes à faible revenu. La troisième crise est celle du logement, le manque de logements abordables et l’augmentation des coûts du logement. Ça n’a pas été facile pour beaucoup de monde cette année, et dans les trois cas, le gouvernement a choisi de ne pas agir.
CMNB : Quelle a été la nouvelle la plus importante de l’année selon vous?
F. Gravel : Sans aucun doute, LA nouvelle de l’année a été la démission fracassante de Dominic Cardy, qui en a profité pour régler ses comptes avec Blaine Higgs, et sa dénonciation du fameux « Data my ass » pour démontrer à quel point les décisions du premier ministre étaient fondées sur son idéologie plutôt que sur des données probantes. En vingt ans de couverture politique, je n’ai jamais vu une lettre aussi percutante.
La deuxième nouvelle marquante de 2022 a été la nomination de Kris Austin comme ministre de la Sécurité publique et comme membre du comité sur la révision de la Loi sur les langues officielles. En le nommant, Blaine Higgs a enlevé son masque, il a montré son vrai visage, il a dit aux francophones : « Je me fiche de votre opinion ».
La troisième nouvelle d’importance, je dirais que c’est l’arrivée de Susan Holt comme chef du parti libéral. Elle amène un vent de fraîcheur au parti, mais, même si sa nomination a été enthousiasmante, il lui reste encore à prouver qu’elle peut être à la hauteur de la tâche qui l’attend.
CMNB : Compte tenu de tout cela, pensez-vous que 2023 sera mieux ou pire que 2022?
F. Gravel : Tout va dépendre de ce qui va se passer le 9 février 2023. C’est la date du discours de Blaine Higgs sur l’état de la province, mais ce ne sera pas un discours sur l’état de la province, ce sera un discours sur l’état de Blaine Higgs. Va-t-il rester en tant que premier ministre malgré sa popularité décroissante, ou va-t-il céder sa place à quelqu’un d’autre? Il a déjà laissé entendre qu’il allait se retirer avant la fin de son mandat. Si oui, qui va le remplacer? On voit deux candidats potentiels : Kris Austin et Daniel Allain. Ce qui va arriver le 9 février 2023 va donner le ton au reste de l’année. À moins que M. Higgs laisse durer le plaisir et repousse de quelques mois l’annonce de sa décision, comme il l’a laissé entendre dans ses entrevues de fin d’année.
Entrevue réalisée par Bernadette Landry.
Bernadette Landry milite depuis des décennies contre toutes sortes d’injustices sociales. Elle est membre du Comité régional Dieppe-Moncton de l’Association francophone des aîné·es du Nouveau-Brunswick et de la Coalition du Nouveau-Brunswick sur la santé.