Deux reportages récents concernant les soins de santé au Nouveau-Brunswick sont des plus préoccupants pour notre système public.
Ces reportages démontrent que le gouvernement provincial actuel ne veut pas améliorer le système de soins de santé. Le premier ministre Blaine Higgs fait plutôt des déclarations révélant son intention de continuer à faire ce qui nous a menés à la crise actuelle, et le seul changement auquel il accorde de la valeur est d’encourager une plus grande implication du secteur privé.
Commençons par examiner comment M. Higgs continue de prôner une idée ancienne, une idée qui a lamentablement échoué, à la fois pour les gens travaillant dans le système et pour la population en général.
Un reportage du 22 février 2023 de la CBC rapporte ces déclarations du premier ministre :
« Si chaque médecin de notre province voyait deux ou trois patients de plus par semaine, nous n’aurions pas de tels retards », a indiqué M. Higgs.
« Chacun d’entre nous doit trouver une façon de dispenser des soins de santé différemment, car je crois que, unanimement, nous admettrons tous que le fait de mettre davantage d’argent dans un système mal géré ne pourra pas le réparer », a-t-il ajouté.
Voilà M. Higgs encore en train de rejouer la même chanson lorsqu’il est question de son opinion par rapport aux soins de santé.
Sa déclaration selon laquelle les médecins devraient voir plus de patients est une rengaine répétée depuis des années par lui et d’autres politiciens dans le domaine de la santé – exhorter les travailleurs à en faire plus avec moins. Même si c’est cela qui a conduit notre système à un tel niveau de crise. Le sous-financement, associé à l’insuffisance de personnel, sont les problèmes majeurs qui affligent le
système de santé du N.-B.
Cette déclaration passe aussi complètement sous silence le fait que les travailleurs de la santé ont été poussés au bout de leurs limites au cours des trois dernières années; leur demander d’en faire encore plus est tout simplement insultant.
La déclaration de M. Higgs selon laquelle l’argent ne peut pas résoudre le problème est sans fondement, pour diverses raisons. Premièrement, il a lui-même travaillé activement à laisser l’argent disponible hors du système.
Ainsi, avec les fonds accordés par Ottawa durant la pandémie pour aider les gens, il a renfloué ses propres budgets. Mais l’enregistrement d’excédents records n’a pas entraîné de meilleurs investissements.
Les représentants de son gouvernement diront que c’est dans les soins de santé qu’ils ont investi le plus abondamment mais, étant donné les augmentations annuelles des coûts des services, même s’il s’agit techniquement d’une déclaration véridique, cela signifie en fait qu’ils n’ont fait que maintenir le statu quo, ce qui n’est tout simplement pas suffisant.
Le seul moment où il consentira à injecter des fonds supplémentaires dans les soins de santé sera lorsque cet argent ira remplir les poches des fournisseurs de soins du secteur privé.
Examinons par exemple cet autre reportage de la CBC, qui date aussi du 22 février 2023 :
Le Réseau de santé Vitalité a dépensé près de 6 millions de dollars l’année dernière pour embaucher des infirmières et infirmiers d’agences privées, selon des documents obtenus en vertu de la Loi sur le droit à l’information…
Entre-temps, le gouvernement provincial a aussi eu recours à des infirmières et infirmiers d’agences, comme le démontrent des documents obtenus par le Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick.
Pour la période de janvier à avril 2022, le gouvernement a versé 2,68 M$ à des laboratoires de santé canadiens. Cet argent a été utilisé, entre autres choses, pour procéder à la répartition d’infirmières et infirmiers dans des cliniques de vaccination pour la COVID-19.
Cela est inquiétant, parce qu’il s’agit d’un problème créé par des gouvernements consécutifs. Le fait de ne pas embaucher suffisamment de professionnels de la santé est devenu une sorte de politique, qui dure depuis des décennies.
L’histoire se poursuit, pour inclure ce qui suit :
Le coût moyen par heure travaillée par une infirmière ou un infirmier mobile était de 295 $. Cela comprend son salaire — 70 $ à 100 $ l’heure, soit environ le double du salaire de ses collègues permanents — ainsi que les frais administratifs et de déplacement.
De plus, la venue de ces travailleurs de la santé dans les hôpitaux crée souvent des malaises, aux dires de la première vice-présidente, Maria Richard.
« Les membres nous disent qu’ils comprennent pourquoi ces infirmières et infirmiers sont là, mais ils pensent aussi qu’il s’agit d’un manque de respect », a-t-elle indiqué.
Ce qui dérange certains infirmiers et infirmières, dit-elle, est que leurs collègues œuvrant pour des agences sont bien mieux rémunérés et qu’ils ont besoin de plus d’encadrement.
« Pour les tâches quotidiennes, ils ont besoin de plus de formation et de soutien, parce qu’ils ne sont pas là de façon permanente et qu’ils n’ont pas l’habitude d’accomplir ce travail », a ajouté Mme Richard.
Cela revient à payer plus pour obtenir moins en termes de services.
En résumé, lorsqu’il est question des gens employés par la province pour travailler jour après jour dans le système, le premier ministre leur demande d’en faire plus avec moins de ressources et de financement.
Mais lorsqu’il est question du secteur privé, les vannes des coffres publics sont ouvertes et les attentes sont beaucoup plus basses.
Susie Proulx-Daigle est la présidente du Syndicat du Nouveau-Brunswick. Le Syndicat du Nouveau-Brunswick compte parmi ses membres des travailleurs de la santé.