Un documentaire récent présente le travail de l’artiste céramiste acadien Léopold Foulem.
Léopold Foulem est peut-être le secret le mieux gardé du Nouveau-Brunswick. L’artiste céramiste, écrivain, enseignant, natif de Bathurst au Nouveau-Brunswick, est décédé en février 2023.
Un nouveau documentaire de Renée Blanchar lui rend hommage. Intitulé Lettre d’amour à Léoplold L. Foulem, le film est un voyage intime dans l’univers enchanteur de ce créateur.
Vingt ans moins jeune que Foulem, la cinéaste Renée Blanchar est aussi originaire de Caraquet, la ville où a grandi Foulem. Elle apparaît dans le documentaire dans des moments partagés avec l’artiste et lorsqu’elle le filme. Son long-métrage, qui porte bien son nom, témoigne véritablement de son admiration pour l’artiste acadien.
Blanchar a étudié la réalisation à Paris. Elle est surtout connue pour son film primé de 2020, Le Silence, qui traite des abus sexuels commis par des prêtres au Nouveau-Brunswick. En mai 2022, elle a reçu un doctorat honorifique de l’Université de Moncton pour la qualité et l’engagement de son travail créatif.

Blanchar a bénéficié d’un accès privilégié à la vie personnelle de Foulem, le filmant lors d’entrevues et de moments quotidiens ordinaires dans sa maison familiale de Caraquet : il dort, se rase, prend son petit déjeuner, etc. Le résultat est un portrait chaleureux de l’homme qui, au-delà de son prestige de “star” du monde de l’art, devient une personne concrète. La musique du film est également remarquable, car elle crée une ambiance éthérée pour le documentaire.
Né à Caraquet en 1945, Foulem a commencé sa carrière professionnelle dans sa province natale, mais est parti étudier aux États-Unis. Il a exercé comme professeur d’art dans son domaine pendant des années au Québec, travaillant dans deux cégeps de la région de Montréal.
Cependant, Foulem a établi son atelier d’artiste dans sa ville natale et y passait ses étés à créer et à glaner des objets dans la région. La sœur de Foulem figure également en bonne place dans le documentaire, puisqu’elle a, comme le compagnon de Foulem, participé activement à son activité.
Les œuvres de Foulem sont extraordinairement originales, mariant des figures traditionnelles en céramique (pensez aux figures de Royal Doulton) à des objets trouvés et au travail du métal (théières, gobelets, etc.). Foulem réalise également des peintures et des impressions par transfert sur certains objets. Le compagnon de Foulem a aidé l’artiste à souder les pièces métalliques.Dans ses œuvres, Foulem a également été explicite dans sa représentation de l’homosexualité et de la différence car certaines font une allusion ludique à la sexualité. Par exemple, dans la série “Showy bananas” (“Bananes ostentatoires”), un objet désigné “Jewish Banana #2,” rappelle l’œuvre surréaliste “Téléphone Aphrodisiaque” (ou “Téléphone Homard”) de Salvador Dali, datant de 1936.
Les œuvres de Foulem sont exposées dans des musées nationaux et internationaux. Par exemple, il est présent dans la collection du Musée national des beaux-arts du Québec, qui compte 16 pièces créées par l’artiste.
Foulem a reçu le Prix Éloize de l’artiste de l’année en arts visuels en Acadie en 2003. Ses œuvres ont fait l’objet d’une exposition solo à la Galerie Beaverbrook de Fredericton en 2009. Avant cette exposition, il avait exposé deux fois : à Caraquet en 1997 et à Moncton en 2002. Malheureusement, sur les 54 expositions individuelles et les 230 expositions collectives auxquelles il a participé au cours de son impressionnante carrière, ce sont là ses seules expositions au Nouveau-Brunswick.
Le film de Blanchar est un remarquable hommage à cet artiste acadien qui mérite d’être mieux connu dans sa province d’origine.
Sophie M. Lavoie est membre du comité éditorial de la Coopérative des médias du Nouveau-Brunswick.