Parcs industriels et zones humides : peut-on avoir les deux? En décembre, Moncton Industrial Development Ltd. a déposé une étude d’impact sur l’environnement en vue de construire un parc industriel d’environ 259 acres entre le chemin Berry Mills et la gare de triage du CN. Le site est actuellement un terrain principalement couvert d’arbres qui comprend des zones humides et des cours d’eau.
Les zones humides sont d’une valeur inestimable pour les collectivités face à une crise climatique en constante évolution. Malgré cela, elles continuent d’être éliminées à un rythme alarmant pour donner la priorité à la croissance économique. Pouvons-nous nous permettre de continuer à éliminer les zones humides au Nouveau-Brunswick?
Un écosystème essentiel
Les zones humides jouent un rôle clé dans la régulation des émissions en piégeant le carbone, ce qui en fait de puissants puits de carbone. Bien que les tourbières, un type de zone humide, ne représentent que 3 % de la surface de la Terre, elles retiennent un tiers du carbone mondial.
Les zones humides sont des éponges naturelles capables d’absorber de grandes quantités d’eau, une caractéristique extrêmement importante dans la mesure où la crise climatique va accroître la fréquence et l’intensité des précipitations et des tempêtes. En plus de contribuer à la gestion des émissions et à la réduction des effets du changement climatique, les zones humides filtrent la pollution, rechargent les nappes phréatiques et abritent des niveaux exceptionnels de biodiversité.
Les zones humides sont l’un des écosystèmes les plus précieux et jouent un rôle clé dans la lutte contre la crise climatique, tant en termes de gestion des émissions que de réduction des effets d’un climat changeant. Dans le même temps, elles offrent de nombreux autres avantages : elles filtrent la pollution, rechargent les nappes phréatiques et fournissent aux espèces de la nourriture et des abris.
Les avantages des zones humides sont bien documentés, mais leur conservation et leur restauration sont-elles prises au sérieux?
Paver le paradis
Le Nouveau-Brunswick a supprimé ou détruit plus de 65 % des zones humides côtières au cours des 300 dernières années, principalement en raison de la conversion des terres pour l’implantation d’industries dans le secteur privé. La Politique de conservation des terres humides du Nouveau-Brunswick de 2002 cite Moncton comme exemple d’une municipalité qui a dû dépenser l’argent des contribuables pour lutter contre les inondations dans des zones où les marais ont été convertis à l’agriculture et à l’utilisation des terres urbaines. En septembre 2019, CBC a rapporté que 70 millions de dollars ont été dépensés au cours des dernières années uniquement pour l’atténuation des inondations, selon les responsables de Moncton.
Les infrastructures construites sont responsables de plus de 60 % des émissions mondiales et entraînent la disparition d’espèces et d’habitats. Les infrastructures qui remplacent les zones humides ne peuvent pas offrir les mêmes avantages. L’Institut international du développement durable (International Institute for Sustainable Development) affirme que les infrastructures fondées sur la nature (systèmes naturels ou systèmes techniques imitant les processus naturels) « coûtent environ 50 % de moins que les infrastructures construites équivalentes tout en offrant des résultats identiques, ou meilleurs ». Outre les coûts initiaux moins élevés, les infrastructures fondées sur la nature tendent à être moins coûteuses à entretenir et plus résistantes au changement climatique.
Les avantages des zones humides et les effets néfastes de leur disparition sont plus largement répartis au sein de la communauté. Nous sommes nombreuses et nombreux à bénéficier d’un air plus pur, d’une réduction des émissions de carbone, d’une augmentation du nombre d’oiseaux, de poissons et d’animaux sauvages que procurent les écosystèmes naturels tels que les zones humides. Nous partageons aussi collectivement les coûts supplémentaires liés à l’adaptation et à la construction de nouvelles infrastructures pour remplacer les fonctions de ces écosystèmes lorsqu’ils sont détruits. Par exemple, l’utilisation de l’argent des contribuables pour construire de nouvelles infrastructures d’atténuation des inondations. Certaines fonctions des zones humides, comme la nourriture et l’abri pour la faune, sont difficiles, voire impossibles à recréer de manière adéquate avec des méthodes techniques.
Une fois, deux fois, trois fois, adjugé!
Malgré ces préoccupations, les zones humides et d’autres écosystèmes continuent d’être détruits en raison de la priorité accordée à la croissance économique. Près de 70 % des zones humides de la province n’ont pas été détruites du jour au lendemain ; il s’agit d’un processus graduel qui se poursuit sous nos yeux. Le projet de construction d’un parc industriel à Moncton s’inscrit dans un contexte plus large de division des terres et de construction sur des systèmes naturels précieux, quelques acres à la fois.
Ce projet particulier entraînerait la destruction permanente d’environ 24 acres de terres humides. Étant donné que les zones humides sont continuellement éliminées, 24 acres représentent un pourcentage plus important du total des zones humides laissées au Nouveau-Brunswick chaque année.
Les résidentes et résidents locaux ont la possibilité de faire entendre leur voix.
Les membres du public ont la possibilité de soumettre leurs commentaires, questions ou préoccupations au plus tard le 21 avril 2023 à 15h00 à l’adresse EIA.Atlantic@englobecorp.com. De plus amples informations sur le projet proposé sont disponibles sur le site web du ministère de l’environnement et des collectivités locales (PDF), sous la rubrique Enregistrements d’études d’impact sur l’environnement (projet 1602).
Face à l’évolution rapide du climat, nous avons plus que jamais besoin de solutions collectives et d’une contribution plus large de la communauté qui représente de manière plus adéquate les impacts plus vastes de chacun de ces projets.
Allez-vous faire entendre votre voix?
Tosh Taylor est la co-présidente de Sentinelles Petitcodiac Riverkeeper.