Cet article fait partie d’une série sur les enjeux de la pauvreté au Nouveau-Brunswick par Janelle LeBlanc, coordonnatrice provinciale du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick. Lire la première partie ici.
Lors du dépôt du budget provincial en mars, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a fait l’annonce de la hausse des taux d’aide sociale. Cette hausse annuelle, calculée selon l’Indice du prix à la consommation, était prévue lors de la réforme de l’aide sociale. Les taux mensuels de l’aide sociale sont encore peu élevés; ils varient entre 637 $ et 786 $ pour une personne seule. Il s’agit d’une augmentation de 40 $ à 50 $ par mois. Qui peut vivre avec ces maigres revenus ?
En 2021, les taux d’aide sociale au N.-B. étaient les plus bas au Canada et sont encore parmi les plus bas au pays. Les personnes vivent en extrême pauvreté et ne peuvent joindre les deux bouts. La hausse du coût de la vie a eu des impacts sur toute la population, surtout les gens en situation de pauvreté. Ce n’est pas un hasard qu’il y ait eu une augmentation des demandes d’aide auprès des banques alimentaires et une hausse du taux d’itinérance l’année dernière.
Il y a des circonstances qui peuvent entraîner le besoin de l’aide sociale dont un handicap, un accident de travail ou même un divorce. Cependant, les mêmes préjugés envers l’aide sociale circulent depuis longtemps et jouent un rôle dans le sous-financement de ce programme social. « Les personnes sont paresseuses et ne veulent pas travailler. » « Les emplois sont faciles à trouver. » « Les personnes choisissent de dépendre de l’aide sociale et font des enfants pour avoir plus d’argent. »
Ces préjugés font mal. La réalité est tout autre. Les gens font face à plusieurs obstacles dans leurs démarches d’intégration au marché du travail ou de recherche d’emploi. Tout le monde n’a pas accès à un transport fiable ou accessible, à l’Internet, à un ordinateur et à des services de garde. De nombreux milieux de travail sont inaccessibles aux personnes en situation de handicap et aux personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale. Le salaire minimum n’est pas un salaire de subsistance et les fins de mois sont difficiles avec la montée du coût de la vie. Par ailleurs, la majorité des bénéficiaires de l’aide sociale sont des personnes seules, certaines n’ayant aucun réseau social ou familial. L’aide sociale devient alors une aide nécessaire et non un abus.
Je lance un cri de cœur : l’empathie, la compassion et l’ouverture aux autres sont de mises. Commençons par écouter les histoires des personnes bénéficiaires de l’aide sociale. Ayons une pensée critique envers les impacts du désinvestissement des programmes sociaux, des services de santé et des services publics. La pauvreté coûte très cher au Nouveau-Brunswick, un peu plus d’un milliard de dollars par année. Le gouvernement encaisse des surplus budgétaires depuis le début de la pandémie. Comment est-ce possible? Exigeons immédiatement un réinvestissement dans nos programmes sociaux et une hausse significative des taux d’aide sociale. Lorsqu’on investit dans notre population, tout le monde en bénéficie !
Janelle LeBlanc est la Coordonnatrice provinciale du Front commun pour la justice sociale.