Dans son dernier rapport publié le 7 septembre 2023, le Vérificateur général du Nouveau-Brunswick accuse le gouvernement de sous-financer les foyers de soins, et ce, depuis bien avant la pandémie de COVID-19. Il exhorte le gouvernement à prendre les moyens nécessaires pour rectifier la situation dans les plus brefs délais.
Dans son rapport, Paul Martin précise que depuis des années, des pénuries de soignant.e.s étaient décelées lors des inspections annuelles des foyers, mais que le ministère du Développement social n’a pris aucune mesure pour régler le problème. Le manque chronique de soignant.e.s a de lourdes conséquences non seulement sur le personnel, qui s’épuise à la tâche, mais aussi sur les soins fournis aux personnes âgées qui vivent dans ces foyers.
Pourtant, le ministère du Développement social affirme ne pas avoir l’intention de prendre les moyens nécessaires pour assurer la conformité des normes dans les foyers de soins, car cela aurait « un impact financier important » et « entraînerait un retard pour les patients dans les hôpitaux ».
Selon le chef du Parti vert, David Coon, « il est honteux que le gouvernement Higgs ait refusé de dépenser l’argent nécessaire pour s’assurer que nos aîné.e.s vivent dans des foyers de soins dotés d’un personnel complet et répondant aux normes modernes. Ces personnes méritent mieux, tout comme leurs soignant.e.s ».
Le président de l’Association francophone des aînées et aînés du Nouveau-Brunswick, Marcel Larocque, n’est pas surpris des conclusions du Vérificateur général. « L’an passé, nous avons décrit la négligence dont souffrent des personnes aînées dans nos foyers de soins à cause surtout de la pénurie de ressources humaines et financières, le manque de nourriture, le manque de soins d’hygiène corporelle, etc. Tout cela est dans notre rapport Vieillir dans l’indifférence et l’indignité au Nouveau-Brunswick. Des six recommandations que nous avons adressées au gouvernement pour améliorer le sort des aînés, aucune n’a été mise en application jusqu’ici », déplore-t-il. M. Larocque a demandé à plusieurs reprises une rencontre avec la ministre responsable des Aîné.e.s, mais cette dernière n’a pas encore trouvé le temps de le rencontrer. « Quand le gouvernement va-t-il cesser de négliger les personnes aînées ? », demande-t-il.
La pénurie de personnel dans les foyers de soins signifie que les personnes âgées ne reçoivent pas le minimum de soins dont elles ont besoin. La Loi sur les foyers de soins précise que 15 % des soignant.e.s devraient être des infirmières immatriculées, 20 % des infirmières autorisées et 65 % des préposé.e.s aux soins. Mais en 2018, seulement 70 % des foyers de soins évalués respectaient cette norme. Pourtant, rien n’a été fait. Depuis, la situation s’est sérieusement détériorée : 87 % des foyers sondés par le Vérificateur général ne respectaient pas cette norme en 2022. La Loi précise aussi que dans les foyers de 30 lits ou plus, il devrait y avoir une infirmière immatriculée sur place en tout temps. Le non-respect de cet élément de la Loi est passé de 10 % des foyers en 2018 à 40 % en 2022.
Le but de la Loi sur les foyers de soins est d’établir qui est responsable de quoi dans les foyers de soins, et quelles sont les normes minimales à respecter pour assurer le bien-être des personnes qui y résident. Compte tenu de ce que nous apprend le rapport du Vérificateur général, on est en droit de se demander à quoi sert une telle loi si elle n’est pas respectée, même par le gouvernement. Et lorsque cette loi n’est pas respectée, qui en paie le prix?
Bernadette Landry est coprésidente de la Coalition du Nouveau-Brunswick pour la santé et membre du Comité régional de Dieppe – Moncton de l’Association francophone des aînées et aînés du N.-B.