Les congés de maladie payés par l’employeur font de nouveau les manchettes au Canada et au Nouveau-Brunswick. Le ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail a récemment lancé une consultation publique sur les congés de maladie payés au Nouveau-Brunswick. Actuellement, en vertu de la Loi sur les normes d’emploi, les individus qui travaillent pour le même employeur depuis 90 jours ont droit à cinq jours de congé sans solde par an. Le Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick recommande d’ajouter à la loi dix jours de congé de maladie protégés par l’emploi et payés par l’employeur, quelle que soit la raison du congé (maladie personnelle et maladie d’un membre de la famille, ou blessures non liées au travail).
Trois provinces offrent actuellement des congés de maladie payés permanents : l’Île-du-Prince-Édouard (un jour), le Québec (deux jours) et la Colombie-Britannique (cinq jours). Deux projets de loi ont récemment été déposés à l’Île-du-Prince-Édouard, en vue d’offrir jusqu’à cinq jours de congé de maladie rémunérés. De nombreux États, villes, comtés et pays offrent des congés de maladie payés, comme la ville de New York, l’Australie, l’Allemagne, l’Islande, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, la Suisse et la Nouvelle-Zélande. Le Canada demeure l’un des trois seuls pays avancés à ne pas disposer de congés payés obligatoires au niveau national.
Les congés payés profitent aux employé·e·s et aux employeurs et sont reconnus par les conventions internationales, notamment la Déclaration des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies. Les journées de maladie payées améliorent le milieu de travail pour les populations historiquement défavorisées : les femmes, les personnes racialisées et autochtones, les personnes en situation de handicap et la main d’œuvre plus âgée. En outre, il s’agit d’une question de justice en matière de handicap, en particulier pour les personnes en situation de handicap, souffrant de problèmes de santé chroniques et immunodéprimées. L’accessibilité des lieux de travail est un droit humain.
La transmission sur le lieu de travail contribue de manière significative à la propagation des maladies. Les congés de maladie payés assurent la sécurité des lieux de travail, protègent la santé et le bien-être des employé·e·s et réduisent les risques pour la clientèle et les entreprises. Il y a également des retombées financières. Les employé·e·s qui bénéficient de congés de maladie rémunérés sont plus susceptibles de retourner au travail et de travailler plus longtemps. Cela se traduit par une augmentation de la productivité, une diminution du taux de roulement du personnel et des coûts de recrutement et de formation pour les entreprises. Cette mesure serait particulièrement bénéfique pour les petites entreprises. Les individus qui peuvent prendre des congés payés sont moins susceptibles d’effectuer leur travail en étant fatigué·e·s ou avec des capacités limitées, ce qui réduit le nombre d’accidents du travail. Les bénéfices l’emportent sur le coût des congés de maladie payés, car les entreprises peuvent éviter de fermer leurs portes en raison de leur main-d’œuvre malade.
Laisser une personne le temps de s’occuper d’elle-même accélère son rétablissement et réduit la probabilité de devoir recourir à des soins ou à des services de santé fournis par l’État. Cela permet de réduire les coûts et le fardeau qui pèse sur notre système de santé. Par exemple, il est possible d’éviter l’épuisement professionnel lorsque les employé·e·s prennent du temps pour s’occuper de leur santé mentale. Les visites aux urgences diminuent lorsque les travailleuses et les travailleurs ont accès à des congés de maladie rémunérés, en particulier les individus ayant la garde d’enfants. Le fait de pouvoir prendre des congés de maladie rémunérés sans être congédié·e ou sans se sentir contraint·e de démissionner réduit également la dépendance aux prestations gouvernementales en cas de maladie.
Les congés de maladie payés contribuent à prévenir et à réduire la pauvreté. Les gens qui ne peuvent joindre les deux bouts face à la hausse du coût de la vie ne peuvent pas se permettre de rester à la maison sans être payé·e·s, même si malades. Les congés payés diminuent le souci et le stress face aux besoins de base et le retard de paiement des dépenses. La prévention et la réduction de la pauvreté ont des effets positifs sur l’ensemble de l’économie et de la société en termes de pouvoir d’achat, de croissance du produit intérieur brut (PIB) et de diminution des dépenses liées à la pauvreté.
Pour l’économie, pour les entreprises, pour les travailleuses et les travailleurs et pour notre province : il est temps que le Nouveau-Brunswick offre des congés de maladie payés !
Pour participer au processus de consultation, veuillez consulter le site Consultations et engagement des citoyens du Nouveau-Brunswick.
Pour plus d’informations sur la campagne du Front commun du NB en faveur des congés de maladie payés : https://www.frontnb.ca/ourcampaigns (choisir la langue en haut à droite)
Janelle LeBlanc et la Coordonnatrice provinciale, Front commun pour la justice sociale.