Les Nations Unies célèbrent chaque année l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. La Déclaration représente la première expression mondiale des droits auxquels tous les êtres humains ont droit. Le 10 décembre, les Nations Unies demandent aux gouvernements et à la société civile de souligner cet événement très important en organisant une activité dans leur pays, leur province ou leur ville.
L’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Aurea Cormier, militante sociale de longue date, et secrétaire du chapitre de Moncton du Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick, considère que le gouvernement du NB n’en fait pas assez pour adhérer aux principes de la Déclaration.
« Les principes d’égalité et de non-discrimination sont au cœur des droits de l’homme. La promotion des droits de l’homme implique de s'attaquer et de trouver des solutions aux formes de discrimination profondément enracinées qui touchent les personnes les plus vulnérables dans les sociétés, notamment les personnes handicapées et celles qui vivent sous le seuil de pauvreté. Il est urgent que la réduction de la pauvreté reçoive la plus grande attention de la part du gouvernement du Nouveau-Brunswick. Les médias se concentrent souvent sur l’itinérance. Malheureusement, les personnes qui vivent dans la rue ne sont que la pointe de l’iceberg. Beaucoup moins visibles sont les travailleuses et les travailleurs au salaire minimum et la plupart des bénéficiaires de l’aide sociale qui ont de la difficulté à se rendre à la fin du mois. Au Nouveau-Brunswick, il existe un niveau de pauvreté inacceptable chez les bénéficiaires de l’aide sociale, en particulier chez les personnes seules, les ménages monoparentaux et les couples avec enfants. Les obstacles à l’obtention des prestations s’accompagnent souvent d’un traitement stigmatisant, d’une surveillance et de conditions comportementales de la part du gouvernement. »
Le rapport Maytree de novembre 2020 intitulé Welfare in Canada indiquait qu’au NB le revenu des bénéficiaires célibataires de l’aide sociale aptes au travail, ne leur permettait de combler que 33 % de leurs besoins fondamentaux. L’insuffisance de revenu était de 46 % pour une personne seule handicapée, de 67 % pour un parent seul avec un enfant et de 63 % pour un couple avec deux enfants.
« Les taux d’aide sociale dans la province sont terriblement inadéquats. Comment une ou un Néo-Brunswickois célibataire et apte au travail qui reçoit actuellement 571$ par mois peut-il.elle se payer un appartement, acheter de la nourriture et tous les autres produits de première nécessité et s’attendre à survivre ? La situation est tout aussi grave pour une personne certifiée handicapée qui ne reçoit que 705 $ par mois », déclare Randy Hatfield, directeur général du Saint John Human Development Council.
Danny Soucy, conseiller en planification communautaire à l’Association du Nouveau-Brunswick pour l’intégration communautaire, fait partie du Réseau N.-B. des dirigeants des organismes pour les personnes ayant des défis. En juillet dernier, le réseau à fait parvenir un rapport à Bruce Fitch, ministre du Développement social. L’organisme proposait huit mesures concrètes, qui, si elles étaient instaurées, contribueraient grandement à améliorer la vie de milliers de gens vivant avec un handicap. Ce faisant, la province se conformerait à l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
« L’une des recommandations à court terme qui doit être mise en œuvre immédiatement est la modification des critères d’admissibilité, afin qu’ils soient équitables, transparents, qu’ils reflètent une définition sociale moderne de l’invalidité et qu’ils soutiennent le droit d’appeler des décisions d’admissibilité. À moyen terme, la province doit créer un nouveau modèle et une nouvelle approche pour les clients handicapés, qui prévoit une planification de la transition et un soutien à l’emploi et à la participation communautaire. À long terme, la province doit retirer les personnes handicapées des catégories ordinaires (prestations prolongées et besoins à long terme) et des politiques de l’aide sociale, pour créer un programme de revenu entièrement distinct pour les personnes handicapées. »
Aurea Cormier croit que les droits de la personne sont mieux respectés lorsqu’une société a
une population bien informée.
« L’une des clés du changement social est l’information. C’est pourquoi le Front commun pour la justice sociale organise un webinaire, intitulé Réduire les inégalités, faire progresser les droits humains, le 10 décembre, afin de rappeler que certains droits de la personne des Néo-Brunswickois sont loin d’être garantis. On peut s’inscrire sur la page Facebook du Front commun. »
Jean-Claude Basque est un militant anti-pauvreté et membre du comité de rédaction de Coop Média NB.
Randy Hatfield, Directeur exécutif, Saint John Human Development Council
Danny Soucy – Association du NB pour l’intégration communautaire.