[Traumavertissement : violences policières, violences envers les femmes, racisme systémique]
Le 4 juin était le 5e anniversaire de l’assassinat de Chantel Moore par un membre de la force policière de la ville d’Edmundston. 5 ans après les faits, alors qu’une enquête a déterminé qu’il s’agissait d’un homicide, et que des recommandations ont été faites pour prévenir d’autres homicides commis par la police, où en est-on ? On fait le point ici.
Il y a 5 ans, le 4 juin 2020, Chantel Moore, 26 ans, originaire de la Première Nation Tla-o-qui-aht, est tuée par un policier lors d’une vérification de bien-être par un membre de la force policière de la ville d’Edmundston. Le racisme systémique au sein des forces de police est un phénomène largement documenté, et les statistiques le prouvent.
Les personnes autochtones et noires représentent 8,7 % de la population au Canada, mais 27,2 % des victimes tuées par balle par la police.
Entre 2000 et 2021, 16.2 % de toutes les personnes tuées par la police étaient autochtones.
5 des 12 femmes tuées par la police pendant cette période étaient autochtones. Ça représente 42 % des victimes identifiées comme femmes.
Après le meurtre de Chantel Moore, en 2021, le Bureau des Enquêtes Indépendantes du Québec avait déclaré que les actes du policier étaient « raisonnables dans les circonstances. »
Il n’a donc pas été condamné. Puis, en 2022, le jury d’enquête du coroner a finalement conclu qu’il s’agissait d’un homicide.
Plusieurs appels ont été faits pour réformer la manière dont les forces policières interagissent avec les personnes autochtones. 20 recommandations ont été faites par le jury du coroner pour éviter d’autres homicides par excès de force policière :
- que le Nouveau-Brunswick se dote d’un organisme indépendant chargé de surveiller les incidents graves impliquant l’usage de la force par la police;
- que la police prenne des mesures pour améliorer les relations avec les communautés des Premières Nations, notamment une formation de sensibilisation à la diversité culturelle et l’établissement d’une liaison communautaire avec les Premières Nations;
- que les agents de police reçoivent une formation à l’intervention ou à la désescalade en situation de crise.
Malgré tout, entre 2020 et 2022, le nombre de victimes tuées par la police par force excessive au Canada a augmenté de 19 %.
Malgré tout, le meurtrier de Chantel Moore n’a toujours pas eu de condamnation criminelle.

Des changements en profondeur sont nécessaires pour réellement adresser le racisme systémique au sein des forces policières. Les impacts du colonialisme, du racisme systémique et du sexisme patriarcal ne s’effacent pas si facilement.
Comme le chef Polchies l’a dit à CTV News, 19 août, 2022 : “Acheter plus de Tasers et de caméras d’intervention, ça ne va pas permettre aux forces policières de faire tous les changements nécessaires pour s’adapter aux réalités des personnes autochtones au Nouveau-Brunswick.” (traduction libre).
Aux côtés des communautés autochtones, le RFNB revendique :
- l’établissement d’une enquête menée par les communautés autochtones sur le racisme systémique dans le système judiciaire;
- la mise en place des recommandations du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées;
- la mise en place des recommandations du rapport de la Commissaire sur le racisme systémique du gouvernement du Nouveau-Brunswick;
- la mise en œuvre du plan d’action de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) afin de mettre fin au génocide des femmes, des filles et des personnes bispirituelles autochtones.
Le Regroupement Féministe du Nouveau Brunswick est un mouvement activiste basé à Moncton. Cet article a été publié sur leur site web, le 4 juin, 2025.