J’étais à Montréal la semaine dernière où un ami m’a invité à assister à une fête d’anniversaire. Au cours de l’événement, j’ai eu l’occasion de rencontrer un artiste qui est en discussion avec un groupe de gens d’affaires du Maroc. Ces derniers veulent une œuvre monumentale pour un complexe touristique qu’ils sont en train de d’aménager dans ce pays. Cette conversation a allumé ma curiosité au sujet du tourisme haut de gamme à travers le monde.
J’ai donc fait un peu de recherches sur Internet au sujet de ce secteur touristique pour découvrir que certains complexes touristiques offrent à leur clientèle des loisirs multiples qui comprennent des terrains de golf, des commerces en tout genre, des boîtes de nuit et toutes les autres choses que désirent les gens en mesure de se payer certains luxes.
Compte tenu que les classes les plus aisées de la plupart des pays sont en train d’augmenter leur part de la richesse nationale aux dépens des classes moyennes et pauvres, il y a de l’avenir pour l’industrie touristique de luxe.
Par contre, dans de nombreux pays, la mauvaise répartition des richesses engendre des tensions sociales. Pendant que certains citoyens doivent ou sont invités à se serrer la ceinture, d’autres peuvent se payer des luxes inaccessibles à la majorité.
À ce sujet, le Conference Board du Canada a reconnu dans un communiqué publié en juillet dernier que les riches continuent de s’accaparer une plus grande part de la richesse nationale au détriment des autres classes sociales du pays.
D’un côté, il y a des gens qui peuvent se payer à peu près n’importe quoi et de l’autre, il y a des gens qui luttent désespérément pour avoir suffisamment d’argent pour vivre dignement. Dans bien des cas, les citoyens ne peuvent y parvenir, ce qui provoque des crises personnelles, familiales ou sociales. D’ailleurs, Anne Golden, présidente et chef de la direction du Conference Board est bien consciente que : « Si les compétences et les capacités de tous ces citoyens ne sont pas utilisées adéquatement ou si elles portent atteintes à la cohésion sociale, elles peuvent conduire à une augmentation des tensions sociales». C’est une façon bien nuancée de dire que l’injustice économique pourrait mener à la colère ou la révolte des populations marginalisées comme cela se produit dans certains pays arabes qui subissent depuis de nombreuses années les injustices causées par une mauvaise répartition des richesses. La colère citoyenne s’exprime aussi dans d’autres pays comme en Grèce ou encore en Espagne qui a vu les indignés s’installer sur les places des principales villes pour protester contre le chômage et la corruption politique.
Dans certains pays arabes, les révoltes tirent une partie de leur énergie de la profonde injustice ressentie par de nombreux citoyens qui n’arrivent pas à vivre dignement pendant que les élites se partagent entre eux les richesses nationales comme des hyènes qui dévorent une proie.
À chaque fois que les dirigeants font main basse sur les richesses, on dirait que pour protéger leur égoïsme, ils ont besoin d’ériger un appareil sécuritaire qui permet d’accroître graduellement les mesures répressives contre les citoyens et les citoyennes qui protestent contre l’injustice. De tels contextes sociopolitiques s’observent dans la plupart des pays où l’égoïsme des dirigeants se met à table pour gouverner. C’est comme si la classe riche sentait le besoin d’avoir recours à la police pour empêcher les classes plus pauvres d’accéder à la richesse.
Dans une société comme la nôtre, nous avons tendance à croire que nous sommes immunisés contre les problèmes sociaux qui traversent les autres pays. Il n’en est rien !
Plus la richesse sera entre les mains d’un nombre réduit de personnes, plus il y aura d’individus pour réclamer une part de cette richesse. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que nous avons vu quand les gens ont protesté contre la mondialisation lors de la réunion du G-8 et du G-20 à Toronto ? Plusieurs perçoivent ces réunions comme des occasions pour les politiciens de favoriser les intérêts des nantis au détriment de l’intérêt collectif. La réponse du pouvoir a été l’utilisation massive de la police pour réprimer la protestation.
Quand le rapport du Conference Board nous apprends que depuis la récession, sept provinces canadiennes sur dix ont vu une augmentation du nombre de personnes à faible revenu, il faut alors se demander si notre pays n’est pas en train de glisser vers « une augmentation des tensions sociales » comme le fait si bien remarquer la présidente de l’organisme national. S’il y a trop d’égoïsme à la tête de ce pays, l’histoire de la nation pourrait, un jour, s’emballer à son tour !