Depuis le 11 avril, le corps enseignant de 295 écoles publiques de la province exprime ses préoccupations quant à l’impact de l’inflation et aux réalités actuelles de leurs conditions de travail et de l’environnement d’apprentissage des élèves. La Fédération des enseignant·e·s du Nouveau-Brunswick (FENB) a lancé une campagne de sensibilisation pour soutenir le personnel enseignant à mener cet important débat public.
Au cours des dernières années, le Nouveau-Brunswick et le Canada font face à une importante pénurie de main-d’œuvre et la profession enseignante ne fait pas exception à la règle. Alors que nous avons déjà de la difficulté à recruter un nombre suffisant de nouvelles enseignantes et de nouveaux enseignants, la question de rétention des personnes déjà en place se doit d’être abordée et prise au sérieux.
Un nombre grandissant de membres nous parlent des conditions de travail de plus en plus difficiles liées au manque de soutien, de ressources pédagogiques, technologiques et humaines. C’est une surcharge qui pèse sur les professionnel·le·s en enseignement. Ce sont toutes ces choses qui poussent certaines personnes enseignantes à quitter la profession. Si nous ne sommes pas en mesure de garder le personnel qualifié déjà en place, nous ne faisons qu’amplifier le problème de pénurie.
Sachant que d’ici 10 ans, un peu plus de 40 % du personnel enseignant néo-brunswickois sera à la retraite ou éligible de l’être, et que la lourdeur des tâches administratives et de l’impact de la pénurie ne fait que s’accentuer, la table est mise pour que le personnel enseignant développe un sentiment d’inefficacité envers sa propre profession. Dans un système en grand besoin de stabilité, plusieurs se posent la question, pourquoi rester dans une profession où l’on crée des attentes démesurées?
Lors d’un sondage effectué auprès des personnes enseignantes, les témoignages recueillis démontrent clairement ce sentiment. Voici ce qu’une personne enseignante a dit :
« J’ai choisi ce métier parce que j’adore travailler avec les enfants. Ils sont créatifs et innovateurs. Mon travail est devenu très difficile et je n’ai pas les ressources pour venir à bout de toutes les tâches demandées. Je suis titulaire de classe et je suis « essoufflée » par le nombre d’élèves dans ma classe, les différents besoins à combler, les différentes clientèles à desservir, les enfants qui n’ont pas la langue. […] Sans parler de tous les changements dans le système d’éducation. »
Les années où l’on pouvait presser le citron devraient être derrière nous. Le citron est à sec, inutile de presser davantage. Offrons au personnel dévoué de nos écoles de faire ce qu’ils font de mieux, éduquer et accompagner nos enfants; il en va de la rétention de l’expertise dans nos écoles.
Nathalie Brideau et Connie Keating sont les coprésidentes de la Fédération des enseignant·e·s du Nouveau-Brunswick.