Une chercheuse de l’Université du Nouveau-Brunswick affirme que la désinformation nuisible sur l’avortement continue à circuler, même si le gouvernement provincial réduit les obstacles à ce service de soins de santé essentiel.
La sociologue Tobin LeBlanc Haley – qui est également membre du conseil d’administration de la Coop Média NB – a présenté un article qu’elle a coécrit avec Christine Hughes dans le cadre de la série de déjeuners féministes à l’Université du Nouveau-Brunswick à Fredericton le vendredi 7 février.
LeBlanc Haley a enregistré une version de cette conférence, que la Coop Média NB partage dans le cadre de la Semaine de la santé sexuelle, afin de lutter contre la désinformation dans nos communautés. Le projet de recherche comporte 28 entretiens et trois groupes de discussion, avec un total de 43 participant.e.s uniques.
« Le manque de connaissances claires sur le lieu, la manière et la signification d’un avortement peut entraver la prise de décision des patient.e.s et provoquer un stress et une anxiété inutiles », a-t-elle déclaré.
Selon cette recherche, la désinformation « a été permise de proliférer sur l’avortement au Nouveau-Brunswick ». Il s’agit notamment de mythes sur le « caractère moral » des patient.e.s qui se font avorter, les risques pour la santé, les voies d’accès et les motivations des fournisseurs de services d’avortement dans les cliniques, a déclaré LeBlanc Haley.
Par exemple, certains participant.e.s à la recherche ont parlé de « l’hypothèse constante selon laquelle les patient.e.s qui avortent sont en quelque sorte irresponsables ou déviant.e.s », a-t-elle déclaré. Le mythe de la patiente « irresponsable » n’était pas un thème dominant, mais « il était présent, ce qui est profondément troublant », a déclaré LeBlanc Haley.
L’un des résultats les plus troublants de l’étude, a-t-elle ajouté, est que certain.e.s participant.e.s à la recherche croyaient que « l’accès à l’avortement était nul dans la province ».
Les services d’avortement chirurgical restent toutefois limités au Nouveau-Brunswick.
Trois hôpitaux du Nouveau-Brunswick proposent des avortements par chirurgie, deux d’entre eux à Moncton et un à Bathurst. Les avortements médicamenteux sont possibles avec la pilule abortive Mifegymiso.
Lorsque le Parti libéral a battu les Progressistes-conservateurs aux élections provinciales d’octobre, l’une des premières mesures prises par la première ministre Susan Holt a été d’abroger le règlement 84-20.
Ce règlement rendait le Nouveau-Brunswick unique au Canada en limitant les avortements procéduraux financés par Medicare, également appelés avortements chirurgicaux, au milieu hospitalier.
La clinique 554, la seule clinique indépendante qui offrait des avortements procéduraux à Fredericton et qui, de plus, offrait le service gratuitement aux personnes qui ne pouvaient pas payer les frais, a été forcée de fermer ses portes l’année dernière en raison de pressions financières.
LeBlanc Haley a également abordé des questions telles que la « théorie du grand remplacement », une théorie complotiste qui considère que les avortements ont pour effet de déplacer la majorité blanche dans des pays tels que le Canada et les États-Unis.
Cette théorie complotiste suprématiste de la race blanche a refait surface « en particulier dans la période que nous traversons actuellement après l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade et au milieu de la montée très troublante du fascisme dont nous sommes tous témoins et que nous vivons actuellement », a-t-elle déclaré.
Ce reportage a été rendu possible en partie grâce au gouvernement du Canada, administré par l’Association canadienne des stations et utilisateurs de télévision communautaire (CACTUS).