Le gouvernement et les dirigeants du Nouveau-Brunswick chargés de mettre à jour le plan d’action pour le climat doivent tenir compte de l’appel urgent à la réduction rapide des émissions et à la protection accrue de la nature, lancé dans le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Selon les auteurs du rapport intitulé Changement climatique 2022 : Effets, adaptation et vulnérabilité, publié le 28 février, les répercussions déjà énormes des changements climatiques s’intensifient et deviendront plus mortelles si les gouvernements du monde ne diminuent pas les émissions de gaz à effet de serre de façon plus draconienne que ce que prévoient les engagements actuels.
Les scientifiques qui ont compilé ce rapport dépeignent la situation mondiale avec un scénario qui nous est déjà très familier dans le Canada atlantique.
L’année dernière, le gouvernement fédéral a publié le Chapitre sur le Canada atlantique de sa série, Vivre avec les changements climatiques au Canada. Par leur recherche, des scientifiques canadiens contribuent au 6e rapport d’évaluation du GIEC. Nous savons que la population du Canada est confrontée à des phénomènes climatiques extrêmes, tels que des vagues de chaleur, des inondations, des périodes de sécheresse et des feux de forêt. Nous savons que ces phénomènes, de plus en plus fréquents, intenses et durables, nuisent aux personnes, aux infrastructures et au monde naturel.
Dans la région atlantique, nous subissons déjà un réchauffement hivernal plus intense que celui constaté dans d’autres régions et nous risquons une augmentation du niveau de la mer supérieure à la moyenne mondiale. Une montée du niveau de la mer égale ou supérieure à un mètre représente un risque plus important pour les communautés côtières. Des précipitations hivernales et printanières plus fortes augmentent les dangers liés aux inondations des terres. Le taux de réchauffement prélevé dans le Golf du Maine et la baie de Fundy est parmi les plus élevés au monde. La santé physique et mentale des populations de ces zones est menacée, de même que nos ressources naturelles et notre infrastructure critique.
Louise Comeau, Ph.D., directrice du programme Solutions pour le changement climatique et l’énergie, estime que le temps des rapports et des cartographies est révolu. Le gouvernement provincial est tout à fait conscient des risques que court la population du Nouveau-Brunswick à cause des changements climatiques. Il a récemment publié son propre outil de cartographie des risques d’inondation.
« De Lamèque et Shippagan jusqu’à Shediac et de l’isthme de Chignectou jusqu’à Saint Andrews, et tout le long de la rivière St. John, les populations sont menacées », déplore Louise Comeau. « Cependant, le gouvernement tarde à fixer les règles et les normes nécessaires pour éviter ces dangers et interdire les projets d’aménagement dans les endroits connus pour être à risque.»
« Le message du GIEC est clair : tout report est irresponsable. Un report mettrait la vie des gens en danger. Nous devons nous préparer maintenant pour que les infrastructures, les systèmes naturels, les collectivités et les Néo-Brunswickois puissent faire face aux changements climatiques. En même temps, nous devons transformer nos systèmes énergétiques au cours des dix prochaines années, afin de mettre fin à la pollution qui déstabilise notre climat et accroît d’autant plus la menace qui pèse sur nos systèmes naturels et sur les personnes qui en dépendent », insiste Louise Comeau.
Les gouvernements du monde entier doivent intensifier leurs efforts et toutes les administrations doivent faire leur part. Au Nouveau-Brunswick, cela signifie réformer notre système énergétique pour atteindre 80 % d’énergies renouvelables d’ici à la fin de la décennie, et étendre à grande échelle les programmes qui aident les citoyen.ne.s à réduire leur consommation d’énergie. La province doit mettre en place les infrastructures et les initiatives visant à rendre l’achat et l’opération de véhicules électriques plus abordable et instaurer des programmes qui aident les personnes à faible revenu à remplacer des fenêtres et des portes désuètes et à isoler leur maison grâce à des rénovations éconergétiques d’envergure.
Matt Abbott, directeur du Programme de protection marine du Conseil de conservation, affirme qu’une meilleure protection de la nature, terre et mer, doit être au centre du plan d’action pour le climat du Nouveau-Brunswick.
« Lorsque nous protégeons la nature, des forêts aux côtes, nous protégeons aussi nos communautés et leur capacité de résister aux répercussions du changement climatique », explique Matt Abbott.
« Nous savons que la baie de Fundy est l’une des étendues d’eau qui se réchauffe le plus rapidement au monde et que les changements climatiques, de la montée du niveau de la mer à l’acidification des océans, en passant par l’érosion côtière, aura un effet catastrophique sur les communautés côtières qui jalonnent la baie de Fundy et le détroit de Northumberland. »
« Le rapport du GIEC est simplement le dernier avertissement qui nous rappelle que nous devons agir plus rapidement pour réduire la pollution à l’origine du déséquilibre climatique si nous voulons protéger les moyens de subsistance des pêcheur.euse.s et des communautés côtières qui dépendent de la santé des océans. »
Jon MacNeill est directeur des communications du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick.