L’année dernière, le gouvernement fédéral nous avait promis une relance féministe. Retrouve-t-on cette promesse dans le budget déposé hier par la ministre fédérale des Finances Chrystia Freeland?
Oui et non. Des mesures intéressantes sont proposées pour lutter contre la crise du logement et améliorer l’accès aux soins de santé. Par exemple, les ménages canadiens ayant un revenu inférieur à 90 000 $ par année pourront recevoir des soins dentaires gratuitement d’ici 2025! Néanmoins, il y a là une occasion manquée de pousser plus loin ces enjeux afin de garantir à tous et toutes une vie décente (aucune mention n’est faite d’une éventuelle assurance-médicaments, par exemple).
De larges investissements sont promis dans la lutte contre les violences basées sur le genre, ce que nous saluons. Nous soulignons aussi les mesures évoquées pour mieux taxer les banques et assurer une fiscalité plus juste, ce qui devrait permettre une meilleure redistribution des richesses.
Enfin, la création d’un fonds pour l’infrastructure d’apprentissage et de garde des jeunes enfants est une excellente nouvelle.
D’un autre côté, les enjeux liés aux femmes autochtones sont peu présents dans ce budget, et les actions prévues pour lutter contre le racisme systémique sont insuffisantes.
Ensuite, ce budget manque également cruellement d’ambition en matière de réponse aux changements climatiques. Certes, des mesures sont annoncées pour amorcer une transition vers les véhicules électriques et mettre fin aux subventions au secteur des énergies fossiles. Mais ce n’est pas suffisant!
À nouveau, aucun engagement n’est pris pour assurer un financement de base pour les organismes de défense de droits des femmes, une revendication pourtant portée depuis des décennies par l’ensemble des actrices et acteurs du secteur.
En conclusion : selon nous, ce budget manque encore d’une analyse selon le genre intersectionnelle poussée, par exemple en matière d’immigration ou de luttes contre le racisme ou la pauvreté.
Alors que le budget de l’année dernière mettait de l’avant des mesures ambitieuses visant directement l’amélioration des conditions de vie des femmes, le mot « genre » est mentionné à peine 17 fois dans le document cette année.
Ceci n’est pas un « mauvais » budget, mais ceci n’est certainement pas le budget dont nous rêvions, ni celui dont nous avions besoin pour poser les bases d’une société réellement égalitaire et inclusive.
Julie Gillet, directrice générale du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick