Nous, les soussignés, au nom de nos organisations respectives, déclarons notre plein appui aux dix sections locales du SCFP et à près de 22 000 travailleurs du secteur public du Nouveau-Brunswick actuellement positionnés pour la grève. Dans chaque section locale, les travailleurs ont voté massivement en faveur de cette option, avec des votes de OUI à la grève allant de 83 à 98 pour cent. Alors que le premier ministre Blaine Higgs a tenté de creuser un fossé entre les travailleurs de la base et leurs dirigeants élus, ces votes de grève montrent que les travailleurs appuient leur équipe de négociation et en ont assez.
La grève est un dernier recours dans le long chemin de la négociation collective avec le gouvernement provincial. Malgré les tentatives des négociateurs du SCFP de conclure une entente de dernière minute avec la province, notamment en réduisant les demandes d’augmentation salariale, le gouvernement Higgs a quitté la table de négociation mardi.
Les travailleurs ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour que les gouvernements successifs du Nouveau-Brunswick prêtent attention à la crise du sous-effectif créée par 12 années de répression des salaires. Les travailleurs ont tenté de négocier de bonne foi à plusieurs reprises, et ils ont organisé une mobilisation d’un an pour attirer l’attention sur la stagnation des salaires dans le secteur public.
En mai de cette année, les travailleurs ont lancé un ultimatum au gouvernement pour qu’il négocie équitablement dans les 100 jours. Pendant ces 100 jours, le gouvernement Higgs n’a rien fait pour négocier équitablement avec les travailleurs du SCFP. Au lieu de cela, le gouvernement Higgs a dépensé l’argent des contribuables pour attaquer les travailleurs dans des annonces dans les journaux, a tenté de retirer les travailleurs de leur syndicat et a introduit des questions de négociation supplémentaires pour retarder le processus.
Le premier ministre Higgs a poussé au gel des salaires alors même que les travailleurs combattaient la deuxième vague de la pandémie de COVID-19. Le gouvernement Higgs s’est opposé à toute augmentation pour les travailleurs essentiels “parce que le COVID-19 a mis la province dans une situation financière précaire”, alors que la province a enregistré son troisième excédent consécutif. En 2020-2021 seulement, l’excédent du gouvernement était de 409 millions de dollars. Cette année, même selon les estimations basses du gouvernement, les finances publiques enregistreront un 4e excédent consécutif.
Le gouvernement Higgs a également eu un accès sans précédent au soutien fédéral pour les programmes sociaux. Au lieu d’utiliser les fonds fédéraux comme une occasion de réparer notre filet de sécurité sociale en difficulté, d’aider les héros de première ligne, de protéger les communautés et de générer une reprise économique stable et durable, le gouvernement provincial a accordé 100 millions de dollars en allégements fiscaux pour l’électricité à des usines de pâtes et papiers rentables, et il n’a pas réussi à percevoir 200 millions de dollars en redevances à un moment où les prix du bois d’œuvre atteignent un niveau record.
Les travailleurs n’ont pas cessé de travailler pendant la pandémie. Les travailleurs qui sont maintenant prêts à faire grève ont été en première ligne de la lutte contre le COVID-19 dès le premier jour, et ont même signé des accords de mobilité pour faciliter le déploiement des travailleurs dans les points chauds de la pandémie. Mais les travailleurs du secteur public sont également épuisés : ils sont contraints de travailler pour moins d’argent chaque année, en fournissant davantage de services, sous l’autorité d’un gouvernement qui les traite avec hostilité. La grève est le seul outil dont disposent les travailleurs pour ramener le gouvernement Higgs à la table des négociations, faire reconnaître leur dignité et sauver le service public.
Dans une ultime insulte aux travailleurs qui ont contribué à assurer notre sécurité durant cette pandémie, le premier ministre Higgs a menacé d’utiliser les pouvoirs d’urgence pour briser une grève et forcer les travailleurs du SCFP à retourner au travail. Cela crée un dangereux précédent pour les droits des travailleurs dans notre province et dans tout le pays. La justification de M. Higgs pour forcer les travailleurs à retourner au travail est que la grève aura un impact négatif sur les Néo-Brunswickois, mais il continue de refuser de s’attaquer aux causes profondes d’une crise de recrutement et de rétention dans nos services publics causée par ses propres politiques et des décennies de bas salaires pour les travailleurs.
Nous voulons que le premier ministre Higgs et tous les députés sachent que nos organisations et la population du Nouveau-Brunswick ont confiance en nos travailleurs du secteur public et qu’ils les appuient. Lorsqu’ils font la grève pour exiger que ces problèmes soient réglés, ils font la grève pour nous tous.
Abram Lutes est le coordinateur provincial du Front Commun pour la Justice Sociale et Tracy Glynn est une organistrice avec Solidarité Fredericton.